A la dernière minute, ArcelorMittal laisse Peabody racheter seul Macarthur

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à Saint-Denis (Photo : Boris Horvat)

[25/10/2011 15:23:34] PARIS (AFP) ArcelorMittal a décidé mardi, de manière inattendue, de renoncer à l’acquisition de 40% de Macarthur Coal et de céder ses parts à son partenaire américain Peabody Energy, au lendemain de leur prise de contrôle réussie du producteur de charbon australien.

Le numéro un mondial de l’acier “a fait savoir aujourd?hui à Peabody Energy que (…) le groupe a résilié” l’accord passé en juillet pour mettre la main conjointement sur Macarthur, selon un communiqué du groupe luxembourgeois.

Associés à 40%/60% dans une coentreprise baptisée PEAMCoal, ArcelorMittal et Peabody bataillaient depuis plusieurs mois pour imposer leur offre de rachat à 16 dollars australiens (11,8 euros) par action, valorisant Macarthur à plus de 3,5 milliards d’euros.

Depuis lundi, en obtenant enfin le ralliement du chinois Citic, le premier actionnaire de Macarthur, les deux groupes –désormais à la tête de 60% du capital– étaient sûrs de remporter la mise.

Mais, finalement “ArcelorMittal a décidé qu?il ne serait plus convenable d?allouer un capital important à l?acquisition d?une participation ne donnant pas le contrôle”, explique le sidérurgiste.

A la Bourse de Paris, cette décision surprise pesait sur le titre ArcelorMittal, qui cédait 1,73% à 14,20 euros à 16H56 (14H56 GMT), dans un marché en recul de 1,48%.

Le groupe européen, qui était déjà au départ le 2e actionnaire de Macarthur avec 16% du capital, se dit “convaincu qu?il est plus convenable de concentrer ses capitaux sur d?autres secteurs de ses activités”.

ArcelorMittal reste toutefois engagé auprès de PEAMCoal pour encore environ 90 jours, le temps “que les dispositions de résiliation soient achevées”.

Le choix de Macarthur Coal comme cible s’inscrivait dans la stratégie d’ArcelorMittal de se protéger de plus en plus des fluctuations des matières premières, en s’approvisionnant le plus possible en interne en minerai de fer et en charbon, indispensables pour fabriquer l’acier.

Avec 445 employés et deux mines déjà exploitées en Australie, Macarthur est présenté comme leader mondial d’un certain type de charbon pulvérisé, justement injecté dans les hauts fourneaux pour fabriquer de l’acier.

“ArcelorMittal est d?avis que l?engagement en capital qui serait nécessaire, pour conserver ses intérêts dans Macarthur et les développer matériellement au-delà, dépasse ce qu?il serait convenable d?allouer à une entreprise qu?ArcelorMittal ne contrôle et ne consolide pas entièrement”, argumente le communiqué.

Contacté par l’AFP, ArcelorMittal n’avait pas donné mardi après-midi d’explications supplémentaires sur sa décision et ses conséquences au niveau du groupe.

Son annonce intervient alors que le ralentissement économique mondial commence clairement à peser sur les commandes du sidérurgiste, le poussant à mettre plusieurs hauts-fourneaux en veille en Europe et même à en fermer définitivement deux à Liège, en Belgique.

De son côté, le PDG de Peabody, Gregory Boyce, a expliqué mardi, à l’occasion de la publication des résultats de son groupe, avoir “toujours préféré une plus grande participation” dans Macarthur.

S’il avait signé un partenariat avec ArcelorMittal, c’était surtout “pour accroître (ses) chances de prendre le contrôle” de l’Australien. “Ce qui est maintenant le cas. La décision d’ArcelorMittal accroît notre capacité à générer des synergies, intégrer le groupe et bénéficier des résultats”, s’est-il félicité dans un communiqué.

Peabody avait échoué une première fois en 2010 à racheter Macarthur en solo. Son offre de rachat continue de courir, sans modification, jusqu’au 11 novembre, sauf prolongation.