Tunisie-Emploi : Saïd Aïdi, «L’embauche sociale dans l’Administration concernera les postes opérationnels, et 180.000 emplois sont menacés d’ici la fin de 2011»


said-28-072011-art.jpg«Les recrutements qui se feront pour des raisons d’ordre social toucheront en
premier lieu les postes opérationnels et non ceux administratifs», a affirmé
Saïd Aydi, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, lors d’une
conférence de presse organisée mercredi 27 juillet au Premier ministère. Une
affirmation rassurante dans le sens où l’Administration ne doit pas être
condamnée à assurer à elle seule un rôle social dans le pays, ce qui risque d’en
faire le parent pauvre pour ce qui est de la qualité des prestations et de
compétences. Alors que la présence de l’Etat, à tous les niveaux et sur tout le
territoire national, doit se faire par le biais de fonctionnaires qualifiés et
des services de qualité en direction de tous les citoyens.

D’ailleurs, des sessions de formation ainsi qu’un encadrement adéquat seront
dédiés aux futures recrues qui ne répondent pas aux conditions minimales de
compétences et aux qualifications requises.

M. Aydi a étayé sa présentation de chiffres concernant les postes d’emploi
approuvés par la loi finances complémentaire de mai 2011. Il a également précisé
que le ministère de l’Emploi siègera désormais au sein des commissions de
recrutement des ministères de l’Intérieur, de la Défense et de la Santé qui
requièrent des critères spécifiques en matière d’embauche.

En fait, il serait difficile de répondre positivement aux 250.000 personnes
inscrites sur les sites web et aux 395.000 candidatures déposées pour participer
aux concours nationaux.

A ce jour, 17.500 postes ont été ouverts dont 4.600 sur le site
www.concours.gov.tn et 11.300 sur d’autres sites dont ceux non administratifs ou
qui ont déjà eu lieu par décrets-lois et qui concernent les ministères cités
plus haut ajoutés à celui de la Jeunesse et des Sports.

8.000 postes d’emploi, c’est ce que pourront absorber les entreprises publiques
comme la CPG, le Groupe chimique de Gafsa, la société de Cellulose de Kasserine,
la STEG, la SONEDE, la SNCFT, Tunisie Autoroutes et la CIOK. Parmi eux, près de
600 pour le compte de la
SNCFT, Tunisie Autoroutes et la Société de Ciment Oum
El Khelil (CIOK) ont déjà été publiés sur le site web du gouvernement tunisien.
Prochainement 500 autres postes concernant la Société tunisienne d’électricité
et de Gaz (STEG) seront publiés.

1.500 emplois sont opérés par voie administrative. Les concours de la fonction
publique exigeraient, pour leur part, pour 86% des postes le bac comme niveau
minimum et pour 50%, deux années d’études universitaires.

Une convention sur trois ans pour les gros employeurs dans le privé

Le secteur privé étant aussi concerné par la problématique de l’emploi que le
public, une convention sur trois ans a été élaborée à l’intention des gros
employeurs. Le but de cette initiative est l’identification des besoins des
entreprises en matière de qualifications, compétences et une orientation plus
efficace et plus ciblée des demandeurs d’emploi. La convention, d’après le
ministre de l’Emploi, permettrait des procédures administratives plus simples et
plus rapides et un accès plus facile à la personne ressource au sein du
ministère de l’Emploi. Elle permettrait également pour les demandeurs d’emploi
de profiter des programmes du 21/21 et de formation complémentaire AMAL. Tout en
sachant que 28.000 parmi les 156.000 inscrits au programme Amal, sont en
situation irrégulière. «Nous mettrons en place des formules pour que ce genre de
dépassement ne se reproduise pas et nous procéderons aux vérifications d’usage
pour ne pas priver ceux qui le méritent vraiment des profiter de cette formule
avantageuse pour l’avenir professionnel de milliers de jeunes».

D’autre part, ceux qui s’inscriront dans le programme Amel et n’assureront pas
le pointage aux bureaux de l’emploi pendant 2 mois se verront rappelés à l’ordre
et leurs bourses suspendues, passés les 3 mois, les contrats seront tout
simplement résiliés ainsi que les bourses.

Le MFPE «est forcé de réviser les conditions d’éligibilité…». La formule du
SIVP
ne sera pas remise en question, a affirmé M. Aydi. «Malgré certaines pratiques
inacceptables de part et d’autre, mais le meilleur investissement que nous
puissions faire est d’appliquer la loi qui existe déjà».

L’emploi, plaie de la Tunisie, surtout profonde, reste aussi problématique
qu’auparavant et ne sera pas résolue de sitôt. Depuis le début de l’année,
15.000 emplois ont été perdus et 180.000 risquent fort bien de le devenir d’ici
fin décembre. Les secteurs les plus touchés étant ceux du commerce, de la grande
distribution, du service et du tourisme.

Le MFPE compte bien réagir en faisant de septembre le mois de l’emploi et en
mettant en place une stratégie constituée de programmes de stages, de formation
initiale et complémentaire et de reconversion pour préserver les emplois
existants et en créer d’autres. Mais, une seule main n’applaudit pas et il va en
falloir beaucoup en provenance de tous les acteurs publics, privés ou de la
société civile pour réussir à juguler le fléau de cette deuxième décennie du
21ème siècle: le chômage.