üble le 16 mai 2011 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet) |
[26/05/2011 08:22:51] BERLIN (AFP) Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a estimé dans un entretien publié jeudi que les Européens n’avaient “pas épuisé les scénarios pour soutenir la Grèce” et a jugé qu’une restructuration de la dette comportait “des risques importants”.
“Il est vrai que dans l’Union européenne nous n’avons pas encore épuisé tous les scénarios pour soutenir la Grèce”, a-t-il dit au Handelsblatt, en reconnaissant que “les mesures de disciplines budgétaires seules ne pourront pas résoudre les problèmes” du pays.
L’aide accordée par les Européens et le Fonds monétaire international à la Grèce est assortie d’une très stricte cure d’austérité.
“Il faut une perspective de croissance à moyen et long terme”, a jugé le ministre allemand, qui évoque notamment la piste d’investissements dans l’énergie solaire en Grèce, ainsi que dans les réseaux électriques.
M. Schäuble a par ailleurs mis en garde contre les risques liés à une restructuration de la dette grecque, un scénario auquel la Banque centrale européenne (BCE) est totalement opposée.
“Un scénario de restructuration serait accompagné de risques importants”, a dit M. Schäuble, faisant valoir que cela pourrait provoquer une ruée des créanciers d’Athènes pour récupérer leur mise, et ainsi placer de facto le pays en situation de défaut de paiement.
Une faillite de la Grèce pourrait avoir “des conséquences encore plus dramatiques que l’effondrement de Lehman Brothers”, banque américaine dont la faillite en septembre 2008 avait déclenché la crise financière, a dit le ministre.
M. Schäuble avait récemment plaidé pour une restructuration “douce” de la dette grecque ou +reprofilage+, c’est-à-dire un rééchelonnement des délais de paiement avec une participation volontaire des investisseurs privés, par opposition à une variante “dure”, qui serait de ne pas rembourser une partie des créances.
Une solution à laquelle se refuse la chancelière Angela Merkel qui ne veut pas entendre parler de mise à contribution des investisseurs privés avant 2013 et l’entrée en fonction du mécanisme permanent de soutien aux pays de la zone euro en difficulté (ESM).
Alors que, selon une source proche du ministère, la position de M. Schäuble n’a pas varié, l’économiste Frank Engels, de Barclays Capital estime au contraire que ses dernières déclarations “signifient explicitement qu’il s’opposera à un +reprofilage+ ou une restructuration de la dette grecque en échange de la poursuite du soutien financier”.
“Nous estimons que cet entretien est destiné à montrer aux marchés que les politiciens en charge de la question en Allemagne, soit la chancelière et le ministre des Finances, restent pour l’instant opposés à une restructuration”, poursuit-il, jugeant “qu’il était temps que le gouvernement allemand parle d’une même voix”.
Pour l’économiste de Barclays, “le gouvernement allemand ne veut pas prendre le risque d’un conflit ouvert avec la BCE” qui ne veut pas entendre parler de restructuration, dure comme douce.
“Nous avons toujours été bien inspirés de respecter l’indépendance” de la BCE, a dit M. Schaüble, ajoutant qu’il “n’existait aucun précédent de pays qui se trouve en cessation de paiement à l’intérieur d’une union monétaire”.