ancienne Bourse de Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
[30/04/2011 12:19:36] PARIS (AFP) Dopée par des publications d’entreprises encourageantes, la Bourse de Paris a vécu une semaine positive et devrait poursuivre sur cette tendance, mais des interrogations commencent à poindre qui risquent de fragiliser le marché à plus long terme.
Les quatre séances de la semaine (lundi était un jour férié) se sont achevées dans le vert, permettant au CAC 40 d’afficher une progression de 2,11% pour s’inscrire à 4.106,92 points.
Sur le mois d’avril, l’indice vedette a gagné 2,95%. Depuis le début de l’année, sa progression atteint 7,94%.
Oubliés les inquiétudes géopolitiques, la cherté du pétrole, les risques de restructuration de la dette grecque, le choc de la possible dégradation de la note de la dette américaine… Le marché, qui regorge de liquidités, n’a eu d’yeux que pour les résultats d’entreprises, dans l’ensemble de bonne qualité.
Le marché s’intéresse enfin à nouveau aux fondamentaux des groupes qui sont l’essence même de la Bourse, se félicitent de nombreux opérateurs.
Il est vrai que les publications trimestrielles des groupes sur le premier trimestre ont de quoi plaire: les chiffres sont bons, souvent supérieurs aux prévisions et, surtout, les objectifs 2011 sont confirmés.
A ces bonnes nouvelles se sont ajoutés en milieu de semaine les propos tenus par le président de la banque centrale américaine Ben Bernanke, très favorables aux Bourses. En annonçant qu’il ne retirera pas de liquidités du marché, même en juin quand prendront fin les mesures exceptionnelles de soutien de la Fed, il a rassuré les investisseurs.
Mais c’est justement de cette politique monétaire, qualifiée d’accommodante, que le danger guette.
Et, comme le dit Frédéric Buzaré, directeur de la gestion actions chez Dexia AM, cette politique “qui fait baisser le dollar et contribue à la hausse des cours du pétrole, risque, à terme, de devenir contre-productive”.
Il souligne que la période actuelle rappelle le scénario de 2008 qui avait conduit à la crise de septembre sur les marchés.
Avis partagé par Marc Touati, directeur de la recherche économique chez Assaya. “Comme en 2007-2008, la fin de 2010 et le début de 2011 sont marqués par une aggravation des divergences de politique monétaire” des deux côtés de l’Atlantique. “La spéculation sur les cours des matières premières est relancée et ce petit jeu risque de s’avérer fatal (…) et d’entraîner une récession dans la zone euro au 3e trimestre”, prévient-il dans sa note hebdomadaire.
“Nous assistons pour le moment à une progression du marché qui est inconfortable et les achats d’actions se font surtout par défaut, car aucun autre placement n’est intéressant actuellement”, a ajouté M. Buzaré.
Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse, souligne que le marché est avant tout nourri par des flux de liquidités et par de bonnes publications d’entreprises. Mais un risque de tassement peut apparaître lors du détachement des coupons en mai et quand les résultats d’entreprises ne soutiendront plus le marché. “On risque alors de passer par une période de vide”, indique-t-il.
La semaine prochaine devrait encore être consacrée aux résultats d’entreprises, mais de nombreux indicateurs macroéconomiques seront également attendus, avec en point d’orgue le rapport sur l’emploi américain pour avril, publié vendredi.
Les investisseurs scruteront aussi d’autres nouvelles économiques venant des Etats-Unis, avec le niveau des dépenses de construction et celui des commandes industrielles en mars. Ils s’intéresseront aux chiffres ADP de l’emploi dans le secteur privé pour avril et à celui sur la productivité américaine au premier trimestre.