Bangladesh : les avocats de Yunus dénoncent un “réglement de compte”

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à Dacca, le 3 mars 2011

[07/03/2011 12:06:21] DACCA (AFP) Les avocats de Muhammad Yunus ont dénoncé lundi devant la Haute cour de Dacca le limogeage de leur client à la tête de la banque spécialisée dans le micro-crédit Grameen Bank dont la fondation lui a valu le Nobel de la paix, évoquant un “réglement de compte personnel”.

Le pionnier du microcrédit et “banquier des pauvres”, âgé de 70 ans, a été limogé mercredi par la banque centrale du Bangladesh. Celle-ci affirme que Yunus n’a pas demandé son autorisation lorsque son mandat de directeur général a été renouvelé en 2010 et qu’il occupe donc cette position de manière illégale.

L’affaire a été portée devant la Haute cour de Dacca.

“Les avocats de Yunus vont s’interroger sur les intentions de la Banque centrale”, a indiqué à l’AFP Tanim Hussain Shawon, l’un de ses défenseurs.

“La Banque centrale a inspecté la Grameen Bank durant les 12 dernières années. Durant toutes ces années, elle n’a jamais remis en question le renouvellement de son mandat (de directeur général). Cela donne des raisons de soupçonner qu’il s’agit d’un réglement de compte personnel contre Yunus”, a ajouté M. Shawon.

Les avocats de M. Yunus ont également remis en cause dimanche la compétence de la Haute cour pour juger leur client.

Une loi encadrant le secteur bancaire, datant de 1991, donne de larges pouvoirs à la Banque centrale, y compris celui de mettre un terme aux fonctions des dirigeants des établissements du secteur privé.

Mais les ennuis de Muhammad Yunus semblent avoir commencé en 2007 lorsqu’il créa son propre parti politique, qui fit long feu. Le Premier ministre Sheikh Hasina s’était alors pour la première fois opposée au “banquier des pauvres”.

En janvier, M. Yunus avait comparu devant un tribunal du Bangladesh pour une affaire de diffamation datant de 2007.

Peu avant, le gouvernement avait ordonné une enquête sur les pratiques financières de la Grameen Bank, qui partage avec lui le prix Nobel de la paix remis en 2006, signe des frictions persistantes entre lui et le Premier ministre.