Tunisie : Chronique d’une métamorphose


tourisme-214-art.jpgDifficile
de quitter Hammamet, la ville jasmin qui n’a jamais aussi bien porté son nom,
bien qu’elle embaume plus les fleurs de néroli en ce doux printemps tunisien. En
3 ans, c’est toute la destination tunisienne qui s’est métamorphosée. Bien que
le dernier hôtel de la prestigieuse chaîne «Aman» vient d’y ouvrir son «Amankhadra»,
que le somptueux «Four Seasons» avec sa superbe marina reçoit le dîner de gala
de l’une des soirées les plus prestigieuses du moment à l’occasion de
l’ouverture du «Musée Paul Klee», c’est le dernier bougie-hôtel du pays «Le
Sahar», qui fait la Une de la presse internationale. Choisi par Conde Nast
Travel comme étant le plus bel hôtel du monde, celui-ci se trouve sous terre,
dans le village troglodyte complètement réhabilité de Matmata. Un hôtel pas
comme les autres, adjacent au tout récent musée «Amazigh» et au somptueux
premier Spa nocturne du monde. Voyage dans un pays qui a réussi.

Le couple Zenner avec ses trois enfants rient aux éclats. Ils reviennent d’un
voyage dans le désert tunisien qui les a enchantés. En partant de Hammamet et à
contrecœur, ils ont refusé de prendre le petit avion qui assure les transferts
vers leur campement de luxe. Pourtant, atterrir avec le coucher du soleil entre
les dunes de sable faisait partie de leur programme. Mais ils avaient promis à
leur fils de le déposer au centre «El Tahadi» de sports actifs pour un stage de
VTT, parapente, trek, escalade…

Bien entendu, ils n’ont pu s’empêcher de visiter la plus grande grotte d’Afrique
récemment mise en valeur. Sur leur chemin vers le Sahara, ils regrettent de ne
pas avoir passé la nuit dans l’un des éco-gîtes autour de ce qui est devenu
l’une des curiosités du pays. Des regrets que leur hôtel sur pilotis en bord du
«Chott El Djérid» a très vite balayés. Le Sud tunisien est désormais «the place
to be». Ses villages berbères sont à la mode. On s’y dispute les événements
culturels les plus intéressants ainsi que les produits d’un artisanat les plus
exclusifs. Les oasis de Tozeur et Nefta plus verdoyantes que jamais y abritent
une vie douce avec une multitude d’adresses secrètes à découvrir encore et
encore.

Comme la famille Zenner, 12,5 millions de touristes ont choisi la Tunisie pour
leurs vacances, «break» ou petite escapade. Débarrassée de sa saisonnalité et de
l’ennui qu’on y subissait, la Tunisie a su au lendemain de la révolution
développer son propre modèle basé sur le «génie tunisien».

Alors que le tourisme «Made in Dubaï» faisait sensation, elle a opté pour
l’écologie, l’écotourisme et l’environnement. Pariant sur le tourisme de
bien-être, elle a valorisé à la fois son patrimoine culturel en exploitant
intelligemment ses sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO et valorisé
ses régions. Il ne restait plus qu’à convertir les nombreux écosystèmes du pays
en produits touristiques à forte valeur ajoutée. Ces options trouvèrent
rapidement preneurs. Il est vrai que la démocratie et l’engouement des
investisseurs étrangers multipliés aux compétences du pays ont fait le reste.
Devenue un laboratoire des idées innovantes, la Tunisie a su se réinventer en se
hissant à la pointe des destinations les plus originales, prospères et courues
du Bassin méditerranéen. Désormais, elle est dans le top des pays les plus
propres avec une population des plus heureuses. Le personnel y est plus
professionnel et engagé. Et cela s’en ressent!

Entre temps, la famille Zenner revient à Hammamet. Elle vient de quitter sa
maison d’hôtes située dans l’arrière-pays pour aller déjeuner à Hergla. Elle a
choisi «Dar Sourrour» pour son magnifique ranch et les treks qui remplissent de
joie la cadette de la famille. La mère, elle, trouve son bonheur dans les cures
du dernier «Centre Caudalie» et ira tester demain un nouveau concept de soins
avec de l’huile d’olive. Il faut reconnaître que depuis que le pays est devenu
première destination mondiale de thalassothérapie –dommage pour la France-,
c’est aussi toute l’industrie du Spa qui s’y bouscule. Quasiment toutes les
enseignes internationales s’y sont installées. Les bateaux de croisière
transformés en cliniques et centres d’esthétique y accostent par dizaines. La
Tunisie s’impose de plus en plus comme une destination de tourisme médical.

A Hammamet, du côté de «Yasmine, qui a pu renaître de ses cendres, la vie est
trépidante. La médina, jadis fourrée de chinoiseries, a été soulagée de ses
médiocrités. Elle est devenue un véritable lieu de distractions et de loisirs
avec des pistes cyclables, des jardins exotiques, des labyrinthes de bambous
pour enfants… Les points de départ pour le «sightjogging» rivalisent avec ceux
des excursions pour visiter les villes et villages avoisinants. Ceux qui optent
pour la visite de Takrouna et Jradou regrettent déjà les son et lumières de
«Dougga». Tunis, avec son incontournable Musée du Bardo, attire plus de deux
millions et demi de touristes par an

L’Association des amis du musée qui l’entoure organise en octobre prochain une
exposition à New York après avoir superbement aménagé les jardins du palais.

Un peu plus loin, sur les quais de la marina de Hammamet, de nombreux touristes
hésitent à prendre un «vaporetto» pour faire un tour au centre de la vieille
ville et siroter un café à Sidi Bouhdid. Les programmes de la semaine sont
longuement définis à l’avance. Ils sont consultables sur des bornes tactiles et
répondent à tous les goûts. Alors qu’un couple d’anglais prépare à passer leur
soirée en compagnie de la diva Diana Krall, d’autres sont arrivées pour le
festival des musiques soufies. Quant à notre famille Zenner, elle est tentée par
un déjeuner à «Cap Fartas» et ses bains chauds mais s’embarque pour Hergla qui
n’est plus qu’à 25 minutes de transfert via mer. Avec ses restaurants de
pêcheurs, ses musées et ses nombreuses galeries d’art, Hergla est devenue l’un
des centres artistique de la Méditerranée.

Cette Tunisie, reflet du pays réel, porte en elle les ondes positives qui ne
sont autre que le miroir de son âme profonde. Quand on est en accord et en
harmonie avec soi, c’est le meilleur argument de vente.