Tunisie : Un gouvernement qui ne fait pas rêver

mohamed-18012011.jpgLe premier des ministres, Mohamed Ghannouchi, vient d’annoncer la composition du
nouveau gouvernement en prévision de la convocation dans six mois au plus tard
d’élections législatives et présidentielle.

Ce nouveau gouvernement appelle plusieurs remarques.

Premièrement, ce gouvernement, dont la plupart des membres sont des hommes
acquis au discours technocrate et surtout «économiste» (féru de pourcentages et
de chiffres rébarbatifs), n’est pas un gouvernement d’union nationale. C’est
tout juste un gouvernement illégal et de transition destiné à expédier les
affaires courantes. Conséquence, c’est plus une dégression qu’une évolution.

La plupart des ministres de souveraineté sont accordés à d’anciens courtisans du
régime Ben Ali: Kamel Morjane aux affaires étrangères, Ridha Grira à la
défense….

Certains nouveaux ministres de l’opposition doivent regretter d’avoir choisi des
portefeuilles qui demandent beaucoup de temps pour s’imposer. A titre indicatif,
que peuvent faire, en six mois, pour les régions Mohamed Nejib Chebbi (PDP),
pour l’Enseignement supérieur Ahmed Brahim, pour la formation professionnelle
Houcine Dimassi….

Deuxièmement, la dimension positive de ce gouvernement réside dans l’arrivée
d’une vingtaine de nouveaux membres dont on attend beaucoup pour améliorer la
qualité du discours politique jusqu’ici uniforme et ennuyeux.

Troisièmement, ce gouvernement pèche par la reconduction de certains ministres
connus pour être très proche de l’ancien régime. C’est sous leur responsabilité
qu’a eu le scandale de l’introduction de Cement Carthage à la Bourse de Tunis. A
rappeler, également, le rôle de certains ministres dans d’autres opérations
financières, y compris l’élaboration de lois, de décrets faites sur mesure pour
la famille Ben Ali.

Quatrièmement, ce gouvernement se distingue par l’exclusion de beaucoup de pans
de la société: les régions de l’intérieur d’où est partie cette révolution
inédite, les juges et les avocats, les journalistes (absence de porte parole
officielle du gouvernement, les professions libérales et autres…), les jeunes
ruraux sans emploi….