Tunisie : Les priorités économiques de l’après-14 janvier


econom_tunisie-18012011-art.jpgLe
14 janvier est tombé le régime corrompu et sanguinaire mis en place par l’ancien
président Zine El Abidine Ben Ali et que beaucoup croyaient solidement –et pour
très longtemps- installé. Après ce tsunami, surprenant par sa rapidité et son
ampleur, rien ne sera plus comme avant en Tunisie. Le pays va devoir être
reconstruit totalement et dans tous les domaines.

Si dans la foulée du départ de l’ancien président et de l’effondrement de son
régime, comme un château de cartes, les questions politiques et d’ordre
sécuritaire prédominent dans tous les esprits, les dossiers économiques ne sont
pas totalement absents et vont, une fois le pays stabilisé, politiquement et
sécuritairement, figurer en tête de l’agenda des nouvelles autorités.

Dans l’immédiat, la priorité des priorités des responsables politiques et
économiques sera de faire en sorte que cette stabilisation se fasse le plus
rapidement possible pour créer les conditions d’une remise en route de
l’appareil de production et, partant, éviter que le pays ne soit confronté à
deux dangers: la pénurie dans l’immédiat et, à moyen terme, l’effondrement d’un
pan de l’économie. Et ces deux dangers sont malheureusement loin d’être
théoriques.

Du fait de l’insécurité régnant depuis quelques jours dans le pays, et des
destructions subies par certaines unités industrielles, le spectre de la pénurie
guette déjà. Et c’est en raison de ces mêmes destructions et de l’incapacité de
relever dans laquelle risquent de se trouver les petites et moyennes entreprises
par leurs propres moyens, que la seconde menace peut se concrétiser.

Assez rapidement aussi, le gouvernement sera amené à se pencher sur le dossier
des entreprises et biens mobiliers et immobiliers laissés par l’ancien
président, les membres de sa famille et ses proches. Car il va falloir, en
attendant de décider de leur sort définitif, prendre des mesures conservatoires
pour préserver ce qui est devenu un patrimoine national et éviter que des
centaines voire des milliers de familles dont le travail au sein de ces
entreprises constitue le gagne-pain –et qui n’assume aucunent responsabilité
dans les méfaits de l’ancien président et de son entourage- ne s’en trouvent
privés.

A ce propos, diverses solutions peuvent être envisagées: nomination d’un
administrateur judiciaire, nationalisation, etc.

Un autre dossier, économique et politique à la fois, ne va pas également tarder
à être mis sur la place publique: la réparation des injustices subies par un
nombre, difficile à cerner pour l’instant, de personnes ayant été dépossédées de
leurs biens –mobiliers et immobiliers- par telle ou telle branche de la famille
de l’ancien président, des proches ou des laquais affidés. Et il ne fait aucun
doute que le pouvoir qui va succéder dans l’immédiat –à titre intérimaire- à Ben
Ali et celui qui prendra plus tard le relais via des élections législatives et
présidentielle, ne pourra pas asseoir sa légitimité et s’assurer le respect et
l’adhésion des Tunisiens s’il ne procédait pas au recensement et à la réparation
de toutes les exactions économiques du pouvoir déchu. Y compris les
détournements des deniers publics que les nouvelles autorités devront tout
mettre en œuvre pour les récupérer.