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à Turin, le 14 janvier 2011 (Photo : Olivier Morin)

[14/01/2011 16:47:43] TURIN (Italie) (AFP) La survie de l’usine historique Mirafiori de Fiat à Turin (nord) est suspendue vendredi au vote des salariés sur un accord durcissant les conditions de travail, qui divise l’Italie et est considéré comme un tournant sans précédent dans l’histoire sociale du pays.

Le référendum a démarré jeudi à 21H00 GMT pour les ouvriers travaillant la nuit mais l’immense majorité des 5.431 salariés de l’usine se prononcent vendredi jusqu’à 17H45 GMT.

A l’exception de la Fiom – branche métallurgie de la CGIL, premier syndicat du pays – qui dénonce un “chantage”, tous les syndicats ont signé cet accord le 23 décembre.

Les syndicats signataires sont majoritaires mais le résultat du vote, qui est attendu après minuit (23H00 GMT), reste incertain.

“Pour l’emploi, les salaires et les droits, votons oui”, “Non au chantage de (Sergio) Marchionne”, le patron de Fiat: devant l’entrée de l’usine, les affiches des syndicats appelaient les salariés à choisir leur camp.

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usine, le 14 janvier 2011 (Photo : Olivier Morin)

Cet accord, qui prévoit un contrat spécifique pour les ouvriers de Mirafiori qui ne dépendront donc plus de la convention collective de la métallurgie, est considéré comme un tournant sans précédent en Italie.

“Les bulletins de vote qui depuis hier sont glissés dans les urnes de l’usine sont destinés à changer l’histoire industrielle du pays”, juge le quotidien économique Il Sole 24 Ore dans un éditorial.

Un référendum sur un accord similaire à l’usine de Pomigliano (sud) avait recueilli 62% d’adhésion en juin mais le vote de Mirafiori suscite plus de passions car Turin est la ville où Fiat est né et Mirafiori son coeur industriel.

Possibilité de faire tourner l’usine 24h/24 et jusqu’à six jours par semaine, réduction des pauses, triplement du nombre maximum d’heures supplémentaires à 120 par an: cet accord durcit sensiblement les conditions de travail.

Des sanctions sont prévues en cas d’absentéisme “anormal” ou de grève contre l’accord. Point très controversé, la Fiom, qui a refusé de signer, ne pourra plus avoir de délégués dans l’usine.

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usine, le 14 janvier 2011 (Photo : Olivier Morin)

Mais les salaires augmenteront jusqu’à 3.700 euros bruts par an grâce au travail de nuit et aux heures supplémentaires, font valoir les syndicats signataires.

Si le oui l’emporte, Fiat investira plus d’un milliard d’euros avec son partenaire américain Chrysler pour produire jusqu’à 280.000 Jeep et Alfa Romeo par an.

En cas de non, le groupe produira ces véhicules aux Etats-Unis ou au Canada, et faute de nouveaux modèles, Mirafiori ira vers une fermeture assurée.

Soutenu par le gouvernement, le patronat et une partie de la gauche, cet accord divise fortement la péninsule. Signe de la tension, des étoiles rouges, symbole des Brigades rouges, sont apparues ces derniers jours sur les murs de plusieurs villes du pays.

Pour Sergio Marchionne, qui veut faire de l’alliance Fiat-Chrysler un géant mondial de l’automobile, ce type d’accord est indispensable pour que les usines italiennes arrêtent de perdre de l’argent.

Il en a fait une condition sine qua non à l’investissement de 20 milliards d’euros d’ici 2014 dans le pays pour y doubler la production.

Avec son style anglo-saxon assumé, l’italo-canadien aime à souligner que les 6.100 salariés de Fiat en Pologne produisent le même nombre de voitures que les 22.000 salariés de la branche automobile en Italie.

Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi est monté au créneau vendredi en faveur du oui, indiquant espérer que le “bon sens” l’emportera. Mercredi, il avait jugé qu’en cas de non, les entreprises “auraient de bonnes raisons d’aller dans d’autres pays”, provoquant la colère de la CGIL et de la gauche.