éen au Budget, Janusz Lewandowski, le 27 avril 2010 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet) |
[16/11/2010 11:39:00] BRUXELLES (AFP) L’Europe s’enlise dans une querelle autour de son budget 2011 qui va obliger ses dirigeants à se saisir du sujet lors d’un sommet qui s’annonce tendu en décembre, pour éviter de paralyser pendant plusieurs mois des projets-clé de l’UE.
L’échec dans la nuit de lundi à mardi de la dernière tentative de conciliation en date entre représentants des 27 gouvernements de l’Union européenne et représentants du Parlement européen est “hautement regrettable”, a jugé le commissaire européen au Budget, Janusz Lewandowski.
M. Lewandowski estime “probable” que le retard causé par cet échec soit désormais de “plusieurs mois”, avec pour conséquence à compter du 1er janvier le gel à titre provisoire des fonds européens, mois par mois, à leur niveau de 2010, jusqu’à l’adoption d’un nouveau budget.
“Cela va retarder le financement d’initiatives et d’investissements importants dans les Etats membres de l’UE”, a-t-il insisté en soulignant que les premiers concernés seraient “les citoyens européens, les entreprises, les chercheurs, les étudiants, les communautés rurales, les villes, les communes et les régions à travers l’Union”.
Le gel priverait provisoirement le tout nouveau service d’action extérieure de l’UE, ce corps diplomatique censé aider l’Europe à mieux se faire entendre dans le monde, de quelque 25 millions d’euros de dépenses opérationnelles.
éputé européen Alain Lamassoure, le 26 octobre 2009 à Paris (Photo : Olivier Laban-Mattei) |
De même, il va manquer 1,22 million d’euros aux agences européennes de supervision du secteur financier qui doivent commencer leur activité au premier janvier.
Un sombre tableau auquel le président de la commission des budgets du Parlement, l’eurodéputé français Alain Lamassoure, refuse de croire.
Pour lui, un accord reste possible “avant la fin de l’année” au niveau des dirigeants européens.
Le débat sur les chiffres est déjà réglé. Les eurodéputés ont en effet accepté le plafond réclamé par une dizaine d’Etats menés par la Grande-Bretagne: une hausse limitée de 3,5 milliards d’euros (+2,91%) des dépenses par rapport aux 123 milliards prévus pour 2010.
Lundi soir, les pourparlers ont bloqué sur la volonté du Parlement de disposer de plus de flexibilité pour débloquer des fonds supplémentaires en cas de dépenses imprévues, et de s’entendre sur des négociations avec les Etats concernant l’avenir du budget européen.
Elles devraient porter sur le financement des nouvelles politiques européennes décidées ces dernières années, la préparation du prochain budget pluriannuel de l’UE (2014-2020) et la question de nouveaux financements propres du budget européen, qui remplaceraient au moins partiellement les contributions nationales, énumère Alain Lamassoure.
“Il n’est pas question d’un nouvel impôt. Il s’agit d’abaisser les contributions nationales et de les remplacer par des contributions directes”, plaide le président du groupe libéral au Parlement, Guy Verhofstadt.
Alors qu’une large majorité des groupes politiques du Parlement européen soutient une ligne ferme sur ces points, les délégations britannique, mais aussi suédoise et néerlandaise, ont été les plus intransigeantes lundi soir, ont confirmé plusieurs sources européennes.
Le Premier ministre britannique David Cameron, qui a fait de la réduction du budget européen son cheval de bataille après avoir imposé chez lui un plan drastique d’austérité budgétaire, promet de donner beaucoup de fil à retordre aux députés.
Au dernier sommet européen, fin octobre, le dirigeant conservateur avait déjà imposé le principe que les budgets annuels et pluriannuels de l’UE “reflètent les efforts des Etats” en matière de lutte contre les déficits et la dette.