ège du FMI à Washington (Photo : Stephen Jaffe) |
[06/11/2010 09:49:48] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international a fait adopter vendredi par son conseil d’administration le doublement de son capital proposé par le G20, et des changements dans la répartition des droits de vote présentés comme historiques par le directeur général Dominique Strauss-Kahn.
Le FMI a écrit une nouvelle page de la longue et tortueuse saga de sa réforme, d’une part pour augmenter ses ressources, d’autre part pour rendre la représentation des pays plus conforme à leur poids économique.
“C’était un problème qui a pris beaucoup de temps et d’énergie ces dernières années, et je suis très heureux qu’il soit maintenant résolu. Et c’est une étape très importante sur la route vers une institution totalement légitime”, a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse.
Pour décrire l’importance de cette étape, M. Strauss-Kahn n’avait pas eu de mots assez forts, parlant d'”une décision historique” après l’accord obtenu par les ministres des Finances et banquiers centraux des pays riches et émergents du G20 le 23 octobre.
Le conseil d’administration, instance où siègent 24 pays ou groupes de pays, a adopté ces propositions du G20 pour doubler les quotes-parts et mieux répartir entre Etats membres les pouvoirs. Les quotes-parts sont les contributions des 187 Etats membres au capital du FMI. Elles atteindront désormais quelque 750 milliards de dollars, a décidé le G20.
Du côté des droits de vote, l’institution de Washington espère avoir fait un pas essentiel pour faire taire les critiques sur le poids écrasant des pays riches. “La question qui se pose de longue date de la légitimité du Fonds est résolue”, a estimé M. Strauss-Kahn.
A son arrivée à Washington en 2007, M. Strauss-Kahn avait eu comme priorité de conclure une discussion qui traînait en longueur sur une nouvelle répartition des quotes-parts. Quand celle-ci avait été solennellement adoptée par les Etats membres en avril 2008, il avait salué “le début de la nouvelle légitimité du Fonds”.
Hélas, cette réforme n’a toujours pas été mise en oeuvre, faute d’un nombre suffisant de ratifications par les Etats membres. Le FMI a dû vivre avec la sur-représentation flagrante des pays européens, héritée du monde de l’après-guerre.
La réforme de 2010 est conçue pour y mettre un terme définitif.
L’un de ses aspects marquants est de supprimer le “G5”, ces pays qui avaient statutairement le droit à un siège pour eux seuls au conseil d’administration (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France et Royaume-Uni). Est consacré un “top 10”, avec ce que le FMI considère comme les pays les plus influents de l’économie mondiale: les Etats-Unis, le Japon, quatre économies européennes (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie) et le groupe des “BRIC” (Brésil, Russie, Inde, Chine).
La Chine, championne de la croissance, doit passer de sixième à la troisième place parmi les pays les mieux dotés en droits de vote.
Par ailleurs, les Européens ont accepté d’abandonner deux des neuf sièges qu’ils contrôlent au siège d’administration.
Pour que ces réformes entrent en vigueur, il faudra passer par le vote solennel des 187 Etats membres puis par une longue procédure qui suppose des ratifications parlementaires, parfois longues à obtenir, y compris dans les pays les plus hostiles à la prépondérance européenne.
Le G20 s’est engagé “à travailler pour que ce processus soit achevé d’ici à l’assemblée annuelle en 2012”, ce qui coïncide avec la fin prévue du mandat de M. Strauss-Kahn, en octobre de cette année-là.