Le tourisme grec a payé cher la crise économique et sociale

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élassent sur la plage de Preveli, le 20juillet 2010 au sud de la Crète. (Photo : Louisa Gouliamaki)

[27/08/2010 07:32:22] ATHENES (AFP) Malgré un afflux de visiteurs estivaux, le tourisme grec, moteur économique du pays, a payé cher les retombées de la crise économique et sociale, estimaient les professionnels dans un premier bilan.

“Nous avons limité les dégâts, avec quasiment le même niveau de fréquentation qu’en 2009”, près de 15 millions de touristes, “et une baisse des recettes de 7 à 9%, moins que ce que nous redoutions”, a affirmé à l’AFP Georges Telonis, président de l’Association des agences de voyages.

Malgré un début de saison “tragique”, la chute des revenus “sera peut-être inférieure à 7%” a estimé jeudi devant le parlement le secrétaire d’Etat au tourisme, Georges Nikitakis.

Mais d’autres voient le verre plutôt vide: “le fait que celà aurait pu être pire n’autorise pas à verser dans le triomphalisme” souligne Georges Drakopoulos, directeur de la Fédération des entreprises touristiques.

“Une baisse de 10% des revenus équivaudrait indirectement à un point de croissance en moins, c’est beaucoup”, s’inquiète-t-il, alors que le pays se débat dans la récession.

Encaissant deux années successives de recul, “pour la première fois depuis la première guerre du Golfe” selon l’opérateur Yannis Evangélou, le secteur s’estime victime de l’agitation sociale qui a gagné le pays au printemps, en réaction à la thérapie de choc prescrite par l’UE et le FMI pour lui éviter la banqueroute.

L’image d’une capitale en proie aux manifestations, dont l’une fatale pour trois employés de banque le 5 mai, les grèves à répétition bloquant avions et bateaux et fermant les sites ont provoqué une avalanche d’annulations, au profit notamment de la Turquie ou de l’Egypte.

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és dans le port du Pirée, par une grève des dockers, le 23 juin 2010 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

Pour faire face, le gouvernement s’est même engagé à dédommager les touristes touchés, qui attendent toutefois toujours qu’une loi fixe la procédure à suivre.

En juin, les rentrées comptabilisées par la Banque de Grèce ont chuté de 15,7% sur un an, soit une baisse de 11,9% pour le premier semestre.

En 2009, le solde s’était établi à 10,5 milliards d’euros, avec un manque à gagner de plus d’un milliard par rapport à 2008.

Fin juillet, les professionnels se sont encore arrachés les cheveux, quand une grève des camionneurs a entrainé des pénuries, notamment d’essence.

Mais le mois d’août a finalement rempli comme de coutume hôtels et plages, ramenant “sinon l’enthousiasme du moins une certaine sérénité” relève M. Evangélou, un vétéran du métier.

Des îles comme Rhodes (sud-est) affichent même une hausse des arrivées de plus de 10%, après une mobilisation générale contre toute velléité de grève au port et à l’aéroport, et un marketing offensif.

“Le problème est de savoir à quel prix on a maintenu la fréquentation”, relève toutefois Yannis Economou, vice-président de l’Association des hôteliers de Crète, une île où la saison a été “de médiocre à mauvaise”.

S’il s’est refusé à solder les chambres de son hôtel de luxe d’Héraklion, les touristes estivaux, Allemands et Anglais toujours en tête, ont souvent profité de tarifs compressés, parfois d’un tiers. Les tavernes et boutiques ont aussi souffert du peu de dépenses des touristes, l’année ayant été à la rigueur pour tous.

Pour M. Télonis, le secteur a “peut-être saisi l’occasion de redevenir compétitif”, après s’être laissé entrainer à la hausse par l’euro. Il se félicite aussi de la progression de nouvelles clientèles, russe ou chinoise.

Président du syndicat des employés hôteliers Léonidas Karathanassis chiffre pour sa part à quelque 5% les emplois perdus, alors qu’au total, le tourisme occupe directement ou indirectement, un actif sur cinq. “Avec l’alibi de la crise, le recours déjà généralisé au travail au noir s’est encore accru”, déplore-t-il.