Marée noire : Obama arrache 20 milliards de dollars à BP

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ésident de BP, Carl-Henric Svanberg, le 16 juin 2010 à Washington, DC (Photo : Mandel Ngan)

[16/06/2010 17:57:58] WASHINGTON (AFP) Le président Barack Obama a obtenu mercredi que les dirigeants de BP, convoqués à la Maison Blanche, acceptent de mettre 20 milliards de dollars de côté pour indemniser les victimes de la marée noire qui ne cesse de s’étendre au large des côtes américaines.

Une source proche du dossier a confirmé à l’AFP que BP allait placer ces 20 milliards sur un compte bloqué, une perspective à laquelle le groupe britannique avait paru résister au cours des derniers jours.

L’annonce est survenue alors que M. Obama recevait pour la première fois à la Maison Blanche le président de BP, Carl-Henric Svanberg, son directeur général Tony Hayward et le patron de BP Amérique, Lamar McKay. En début d’après-midi, les trois dirigeants étaient à l’intérieur de la présidence depuis plus de trois heures, largement plus que prévu à l’origine.

La veille au soir, dans un discours solennel retransmis en direct à la télévision, le président américain s’en est pris à “l’inconscience” de BP, accusé aux Etats-Unis d’avoir pris des risques avec la plateforme Deepwater Horizon, qui a explosé le 20 avril à 80 km des côtes.

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ésident Barack Obama à la Maison Blanche le 15 juin 2010 (Photo : Rod Lamkey Jr)

“Nous ferons payer BP pour les dégâts que cette entreprise a provoqués”, a-t-il dit, en promettant à ses compatriotes un combat de longue haleine contre la catastrophe écologique, la plus grave de l’histoire du pays.

Les 20 milliards seront supervisés par l’influent avocat Kenneth Feinberg, qui avait été chargé des indemnisations des victimes du 11-Septembre, selon la source proche du dossier. Le compte sera géré de manière indépendante sur plusieurs années afin de répondre aux demandes d’indemnisations d’individus et d’entreprises touchés par la catastrophe.

BP a indiqué lundi avoir déjà dépensé 1,6 milliard de dollars pour répondre à la catastrophe, mais des experts estiment qu’elle pourrait au final lui coûter entre 30 et 100 milliards.

A Londres, le Premier ministre britannique David Cameron a tiré la sonnette d’alarme à propos des risques financiers pesant sur le groupe, estimant que BP avait “besoin de certitudes” sur ce qu’on attend de lui aux Etats-Unis.

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Le logo de BP sur un bidon (Photo : Leon Neal)

“Le souci de BP, c’est d’avoir une certaine assurance qu’il n’y aura pas de plaintes déposées qui soient très indirectement liées à la marée noire”, a averti M. Cameron. “L’important est que cela ne devienne pas un problème entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Le président Obama ne le veut pas, et je ne le veux pas”, a-t-il ajouté.

Mardi, les autorités ont une nouvelle fois révisé à la hausse l’étendue de la pollution, estimant que jusqu’à 60.000 barils de brut se déversaient quotidiennement dans l’océan, soit 50% de plus que la précédente estimation “haute”. BP espère pouvoir en pomper bientôt 90% à la source.

Mais entre 300 et 500 millions de litres d’hydrocarbures auraient déjà fui du puits situé par plus de 1.500 mètres de fond.

Voulant dépasser au plan politique une crise qui pèse sur sa présidence à cinq mois d’élections législatives cruciales, M. Obama en a appelé mardi à l’esprit d’innovation des Américains pour faire basculer le pays dans les énergies “propres”, comparant cette entreprise aux efforts consentis pendant la Seconde Guerre mondiale ou au programme spatial des années 1960.

Mais débloquer ce dossier au Sénat risque d’être ardu, à en juger par les réactions mitigées des républicains qui ont exhorté M. Obama à ne pas “exploiter cette crise pour imposer une taxe sur l’énergie aux familles qui peinent à joindre les deux bouts”, selon l’expression du chef de l’opposition à la Chambre des représentants, John Boehner.