La marée noire va avoir des conséquence négatives sur l’ensemble du secteur

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és de pétrole à la surface de l’eau dans le Golfe du Mexique, le 6 mai 2010 à Venice (Photo : Chris Graythen)

[12/05/2010 19:51:07] NEW YORK (AFP) Nouveaux projets de forage gelés, réglementation renforcée, taxes augmentées… la marée noire du Golfe du Mexique devrait affecter l’ensemble du secteur pétrolier, même les compagnies qui n’y sont pas impliquées.

“Je pense qu’il va y avoir des implications à long terme, cet accident va avoir un impact sur le secteur tout entier”, indique à l’AFP Tina Vital, analyste chez Standard and Poor’s (SP).

Alors que la marée noire impliquant notamment le groupe britannique BP, la plus grave depuis le naufrage de l’Exxon Valdez il y a 21 ans, continue de s’étendre, le gouvernement américain a proposé mercredi d’augmenter d’un cent par baril la taxe acquittée par les groupes pétroliers pour alimenter un fonds spécial de nettoyage et de protection des côtes.

Le plafond des dépenses versées par le Fonds serait en outre relevé d’un à 1,5 milliard de dollars, celui des indemnisations passant de 500 à 750 millions.

En outre, l’administration du président américain Barack Obama a demandé le gel de tous les nouveaux projets de forage dans le Golfe du Mexique jusqu’au résultat de l’enquête sur la catastrophe, un virage à 180 degrés par rapport à la stratégie énergétique affichée jusque-là, qui prévoyait au contraire d’accélérer l’exploitation du pétrole au large des côtes américaines.

“C’est une mesure prudente”, a commenté Rex Tillerson, patron du premier groupe mondial, l’américain ExxonMobil, sur la chaîne CNBC.

Il faut “étudier cet accident et voir s’il faut changer certaines pratiques”, a ajouté M. Tillerson.

Les pratiques des groupes pétroliers, américains ou non, sont à présent scrutées par les autorités du monde entier. Bruxelles a ainsi convié mardi les groupes opérant en Europe à une réunion pour étudier la prévention d’accidents.

“Il va certainement y avoir un durcissement de certaines réglementations qui va se traduire par des coûts de production plus élevés”, estime Tina Vital.

“Il y a eu beaucoup de progrès ces dernières années dans les techniques de forage et de production mais pas dans celles de protection ou de nettoyage, et il devrait y avoir beaucoup plus d’investissement en ce sens”, a-t-elle ajouté.

“Certaines mesures sont requises dans d’autres pays et pas aux Etats-Unis”, comme les “fermetures acoustiques” des puits, des systèmes de fermeture d’urgence activés à distance des plateformes offshore, obligatoires au Brésil et en Norvège notamment, poursuit Stewart Glickman, autre analyste de SP.

M. Glickman mentionne également des pratiques controversées qui pourraient être remises en cause, comme l’extraction de gaz non conventionnel contenus dans des rochers.

“Plusieurs types de fluides sont envoyés dans de minuscules ouvertures de l’enveloppe rocheuse et cela facilite l’extraction du gaz naturel. Mais il y a des inquiétudes sur l’impact environnemental”, fait-il valoir.

Dans son rapport mensuel publié mercredi, l’Agence internationale de l’Energie met en garde contre “une réaction épidermique des régulateurs” et la tentation d'”interdire les nouveaux permis de forage offsore”, ce qui pousserait “les compagnies à rechercher des hydrocarbures dans des endroits toujours plus difficiles d’accès”.

L’AIE et les analystes de Goldman Sachs craignent par ailleurs que le transport pétrolier dans le Golfe du Mexique ne soit perturbé si la marée continue à s’étendre.

Pour Mme Vital, la croissance de la production des groupes pétroliers devrait en tout cas ralentir même si, pour ces “grosses multinationales”, les difficultés rencontrées dans une région seront compensées ailleurs.