UE : l’Allemagne sous pression croissante pour aider la Grèce

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étrangères Miguel Angel Moratinos (D) au siège de l’Union Européenne à Bruxelles, le 22 mars 2010 (Photo : Georges Gobet)

[22/03/2010 11:30:41] BRUXELLES (AFP) La pression est montée d’un cran lundi sur l’Allemagne pour approuver un plan d’aide financière à la Grèce lors d’un sommet des dirigeants européens prévu cette semaine, qui s’annonce comme un test majeur pour la cohésion de la zone euro.

La présidence espagnole de l’UE et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont demandé qu’un mécanisme de soutien à Athènes, qui ne serait utilisé qu’en cas de besoin, soit adopté lors de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement, jeudi et vendredi, à Bruxelles.

“La présidence espagnole va travailler pour ça”, a déclaré à la presse le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, en marge d’une réunion avec ses homologues de l’Union européenne à Bruxelles.

Le dispositif passerait par des prêts bilatéraux coordonnés des pays de la zone euro, pour un montant de quelque 22 milliards d’euros et avec des taux d’intérêts inférieurs à ceux que paie aujourd’hui Athènes, selon une source européenne. Il pourrait être complété par une contribution du Fonds monétaire international (FMI).

“C’est un moment important pour l’avenir de l’UE, de l’euro. On va faire tous les efforts pour donner cette confiance, cette solidarité” que la Grèce “mérite grâce aux mesures que le gouvernement a déjà prises”, a ajouté M. Moratinos, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE.

M. Barroso a abondé dans ce sens lundi. “Nous avons besoin à l’occasion de ce sommet d’une décision pour savoir comment gérer la Grèce. Sinon la grande incertitude (actuelle) risque de perdurer encore longtemps”, a-t-il dit dans une interview au quotidien allemand Handelsblatt.

Le chef de l’exécutif prend ainsi le risque d’une confrontation directe avec la chancelière allemande Angela Merkel.

A défaut de ce soutien européen, la Grèce menace de se tourner exclusivement vers le FMI pour se renflouer.

Athènes estime d’une part mériter l’appui de ses partenaires après avoir pris de douloureuses mesures d’austérité afin de réduire son énorme déficit. Le gouvernement juge aussi que les taux d’intérêt qu’il paye pour emprunter sur les marchés sont trop élevés.

Plusieurs autres pays ont appelé lundi à ne pas laisser tomber la Grèce. “Nous devons soutenir nos amis grecs qui ont proposé un plan très courageux”, a dit le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.

“La crédibilité de l’Europe est en jeu”, lui a fait écho son homologue italien Franco Frattini, “lorsqu’un pays de la zone euro traverse une passe difficile, nous avons le devoir moral et institutionnel d’intervenir”.

Mais Angela Merkel rechigne de s’engager dans l’immédiat à payer pour les problèmes budgétaires de la Grèce.

Alors que se rapproche une élection régionale cruciale pour elle, elle doit faire face à une opinion publique très hostile: 32% des Allemands estiment même que la Grèce devrait sortir de la zone euro le temps de remettre de l’ordre dans ses comptes et 40% que leur pays serait mieux en dehors de la zone euro, selon un sondage publié lundi.

Les Pays-Bas et la Finlande sont très réservés sur la Grèce. La position de la chancelière allemande est “très compréhensible”, a déclaré lundi le chef de la diplomatie finlandaise, Alexander Stubb.

Pour éviter de polluer le sommet européen, le président de l’UE, Herman Van Rompuy, “va s’efforcer dans les deux ou trois prochains jours de parvenir à une solution de compromis entre pays de la zone euro sur la manière de gérer le dossier grec”, indique une source diplomatique.

M. Kouchner a appelé à trouver des “idées originales” d’ici au sommet, sans plus de précisions.