Etats-Unis : la banque centrale face au dilemme du chômage

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ège de la Fed à Washington, le 8 octobre 2008 (Photo : Karen Bleier)

[15/10/2009 09:01:27] WASHINGTON (AFP) La banque centrale américaine a indiqué mercredi que le chômage aux Etats-Unis ne devrait pas baisser “sensiblement” en 2010, signalant ainsi les difficultés qui l’attendent dans le choix du moment pour remonter son taux directeur, à quasi-zéro depuis décembre.

Lors de leur dernière réunion de politique monétaire, les 22 et 23 septembre, les dirigeants de la Réserve fédérale ont estimé “d’une manière générale” que l’économie américaine devrait “croître sur la fin de 2009 et en 2010, mais à un rythme qui ne devrait pas faire baisser sensiblement le taux de chômage”, selon les minutes de cette session publiées mercredi.

Si “plusieurs participants” ont indiqué lors de cette réunion avoir “revu en hausse leurs prévisions de croissance pour le second semestre 2009 et pour les années suivantes”, la banque centrale n’a pas publié de nouvelle fourchette de prévision officielle avec ces minutes.

Dans ses dernières prévisions publiées, remontant à juin, les dirigeants de la Fed estimaient que les Etats-Unis reviendraient à la croissance au second semestre et que le PIB du pays augmenterait de 2,1 à 3,3% en 2010. Elle misait alors sur un taux de chômage moyen compris entre 9,8 et 10,1% au dernier trimestre de 2009, et compris entre 9,5 et 9,8% un an plus tard.

La question de l’évolution du marché de l’emploi sera un des facteurs déterminant l’évolution de la politique monétaire américaine, alors que dans l’histoire récente, la Fed n’a jamais relevé son taux après une récession sans avoir constaté préalablement une baisse au moins “sensible” du chômage.

Pour Brian Bethune, économiste du cabinet IHS Global Insight, “le scénario plutôt troublant concernant le marché du travail mentionné par la Fed” représente un “risque plus fort que celle-ci veut bien l’admettre”.

Si la Fed répète à l’envi que la lenteur de la reprise et le niveau général des prix devrait justifier le maintien du taux directeur “à un niveau extrêmement bas” pendant “une longue période”, le temps viendra comme l’a rappelé son président Ben Bernanke, le 8 octobre, où elle devra remonter son taux “afin d’empêcher l’apparition d’un problème d’inflation à terme”.

Toute la difficulté de l’exercice est de trouver le moment opportun pour le faire de manière à contrer un envol éventuel des prix sans tuer la reprise, dont les dirigeants de la banque centrale s’accordent à dire qu’elle sera fragile.

Si leurs prévisions se rejoignent globalement en ce qui concerne l’évolution du chômage, les membre du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) n’ont pas caché leurs divergences en ce qui concerne l’inflation, ni le fait que leur tâche était rendue extrêmement difficile par l’incertitude ambiante.

Craignant un retour de la grande inflation douloureusement expérimentée dans les années 1970, plusieurs d’entre eux ont estimé ces dernières semaines que la Fed pourrait déroger à la règle et être amenée à relever son taux avant que le chômage n’ait commencé à baisser.

Cette idée a été condamnée avec force cette semaine par le prix Nobel d’économie Paul Krugman, qui l’a jugée totalement irresponsable.

Les minutes du dernier FOMC publiées mercredi montrent au moins que les dirigeants de la Fed, malgré leurs divergences, sont convenus de surveiller “soigneusement” les attentes d’inflation et de communiquer suffisamment sur leurs intentions pour les maintenir stables (une hausse des attentes d’inflation étant susceptible de faire monter les prix à terme).