Sauvetage d’Opel : l’Allemagne sur la défensive face aux critiques

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ère allemande Angela Merkel dans une Opel Astra lors du salon de l’auto, le 17 septembre 2009 à Francfort (Photo : Sascha Schuermann)

[24/09/2009 17:05:45] BRUXELLES (AFP) L’Allemagne s’est défendue jeudi à Bruxelles face aux critiques croissantes en Europe sur sa gestion jugée égoïste voire protectionniste du dossier Opel dont la chancelière Angela Merkel, en campagne électorale, a fait une priorité.

“Ce que nous avons fait pour Opel est bon pour toute l’Europe, est bon aussi pour la Grande-Bretagne et l’Espagne”, a affirmé le secrétaire d’Etat allemand à l’Economie, Peter Hintze, en arrivant à une réunion des ministres européens en charge de l’Industrie.

Les représentants de la Belgique – pays qui risque de voir son unique usine Opel à Anvers fermée – mais aussi britannique, polonais et espagnol ont exprimés leurs préoccupations. Ils redoutent d’être désavantagés en termes de suppressions d’emploi par rapport à l’Allemagne.

Ils ont demandé à la Commission européenne, gendarme de la concurrence dans l’UE, d’être extrêmement vigilante, selon une source européenne.

Le ministre britannique du Commerce Peter Mandelson a aussi écrit à la Commission pour s’interroger sur la solidité du projet de reprise d’Opel par l’équipementier canadien Magna, à son avis pas forcément “le plus viable sur le plan commercial”.

Magna est soutenu par Berlin, qui a piloté le sauvetage d’Opel. L’Allemagne semble avoir obtenu le maintien de l’ensemble de ses 4 usines.

“Tout ce que nous avons fait est une condition pour qu’en Grande-Bretagne aussi, Vauxhall et la nouvelle Opel puissent avoir un avenir”, s’est défendu jeudi Peter Hintze. “La situation semblait depuis le départ moins favorable pour la Belgique, mais c’est une décision purement économique”, a-t-il dit.

“En chiffres absolus, l’Allemagne supporte la plus grande part des suppressions d’emplois” et en a “plus que la Grande-Bretagne et l’Espagne réunies”, a-t-il insisté.

Selon la presse allemande, Magna supprimerait environ 11.000 emplois sur 45.730 en Europe, dont plus de 4.000 en Allemagne. Outre les 2.300 salariés d’Anvers, près de 2.100 postes sont menacés en Espagne et au moins 1.300 en Grande-Bretagne. La Pologne serait aussi touchée, mais moins.

Les gouvernements concernés peuvent désormais consulter les plans de Magna et se sont donnés jusqu’au 7 octobre pour les examiner, a précisé jeudi le commissaire européen à l’Industrie, l’Allemand Günter Verheugen.

“Les gouvernements impliqués et la Commission se réuniront le 7 octobre pour évaluer le résultat”, a-t-il annoncé. A cette date, “on aura les bases pour une décision” de la Commission.

Bruxelles a son mot à dire sur le sauvetage d’Opel en raison des importantes aides publiques promises à Magna, 4,5 milliards d’euros.

“Ces aides seront vérifiées soigneusement par la Commission”, a insisté M. Verheugen, soulignant que cela “ne vaut pas seulement pour l’Allemagne, mais pour tous les pays qui sont impliqués”.

L’Allemagne n’entend en effet pas payer seule les 4,5 milliards.

“Nous attendons une répartition juste de la charge”, à savoir “que chaque pays avec des sites Opel participe aux 4,5 milliards proportionnellement au poids économique de cet Etat dans l’ensemble”, en prenant en compte “le total des salaires ou le nombre d’emplois”, a précisé Peter Hintze.

Selon lui, Berlin compte répondre “dans les quatorze prochains jours” aux questions de la Commission, qui devrait alors avoir “les bases pour dire: oui, l’Allemagne a été fidèle au droit européen”. L’objectif est la mise en place du nouvel Opel “d’ici le 30 novembre”.

“Nous n’attendons pas un veto de la Commission”, a aussi assuré à Francfort le ministre allemand de l’Economie Karl-Theodor zu Guttenberg, qui “espère une bonne solution européenne”.