Le secteur automobile allemand fait le deuil de la prime à la casse

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à Leverkusen en Allemagne, le 3 avril 2009 (Photo : Volker Hartmann)

[02/09/2009 11:55:20] BERLIN (AFP) L’enveloppe de 5 milliards d’euros prévue pour la prime à la casse en Allemagne a été épuisée mercredi et le secteur automobile redoute un retour de bâton brutal après l’explosion des ventes de voitures ces derniers mois.

L’organisme chargé de comptabiliser les demandes de particuliers, le BAFA, a indiqué de manière laconique mercredi sur internet qu’il “n’y avait plus de fonds disponibles.”

Au total, 2 millions de primes d’un montant de 2.500 euros chacune ont été distribuées depuis fin janvier.

La prime est, de loin, la plus populaire de toutes les mesures de relance mises en place depuis l’automne dernier par le gouvernement de grande coalition de la chancelière Angela Merkel.

Pas question pour la conservatrice, qui brigue sa réélection le 27 septembre, de négliger un secteur stratégique pour la première économie européenne et cher au coeur de ses compatriotes.

L’industrie automobile employait fin 2008 quelque 750.000 personnes en Allemagne. Selon certaines estimations, un emploi sur sept dans le pays dépend directement ou indirectement d’elle.

Pour bénéficier de la ristourne de 2.500 euros, il fallait se débarrasser d’un véhicule vieux d’au moins neuf ans pour le remplacer par une voiture vieille d’un an maximum.

Officiellement baptisé “prime à l’environnement”, le dispositif était en réalité quasiment indépendant de tout critère écologique, contrairement à la voie choisie par les Etats-Unis ou la France.

Berlin a formellement exclu une rallonge du dispositif, doté au départ de 1,5 milliard d’euros mais dont le budget avait été triplé face à la ruée sur les concessionnaires.

“Nous ne demandons aucun dispositif d’aide après la prime”, a précisé Matthias Wissmann, président de la fédération automobile VDA lors d’une conférence de presse mercredi. “Le point crucial est que la situation économique mondiale se reprenne”, a-t-il ajouté.

Mais les prévisions les plus alarmistes sont désormais de mises pour le secteur, qui craint une correction aussi brutale que l’a été l’explosion des ventes. Sur les huit premiers mois de 2009, les Allemands ont acheté 27% de voitures de plus que sur la même période de 2008, selon le VDA.

Le contre-coup s’annonce plus rude pour ceux qui ont le plus profité de la prime: les constructeurs de petites voitures tels que Volkswagen, Opel ou Ford.

Moins dure sera la chute pour les Mercedes, BMW et autres Porsche. “Nous ne nous sommes pas particulièrement réjoui de cet instrument, parce que cela nous handicapait en tant que constructeurs haut-de-gamme. Mais comme BMW en a peu profité, il sera aussi peu affecté par sa disparition”, a dit le directeur de production de la marque bleue et blanche, Frank-Peter Arndt, au journal Passauer Neue Presse.

Pour les autres, il faut s’attendre à “un premier semestre 2010 très faible”, marqué par “une dégringolade des ventes”, prévient Jürgen Pieper, analyste de la banque Metzler.

Le spécialiste juge même que “c’était une erreur (de la part du gouvernement) de rendre ce dispositif si important”.

Les mois à venir seront difficiles pour les industriels mais aussi pour les vendeurs. Une étude du cabinet Roland Berger estime ainsi que désormais, un concessionnaire sur deux est menacé de faillite en Allemagne, soit 30.000 emplois sur la sellette.