Petite leçon d’économie avec le dalaï lama à Francfort

photo_1249138801213-1-1.jpg
ï lama lors d’une conférence à Francfort, le 30 juillet 2009 (Photo : Thomas Lohnes)

[01/08/2009 15:04:21] FRANCFORT (AFP) Le bouddhisme comme réponse à la crise: le dalaï lama, le chef spirituel tibétain en exil, a débattu de la crise économique samedi à Francfort, capitale financière de l’Allemagne, insistant sur “la valeur fondamentale de l’être humain”.

Assis en tailleur dans un fauteuil, souriant dans sa tunique pourpre, le dalaï lama a disserté en compagnie d’experts sur la crise et les défis du changement climatique, devant un parterre de quelques milliers de personnes réunies dans le stade de football Commerzbank Arena.

“La crise économique mondiale montre à quel point notre monde est petit”, déclare-t-il, sa voix parfois couverte par le bruit assourdissant de l’aéroport international tout proche. “Nous devons penser globalement (…), marcher ensemble” et prendre conscience de la “valeur fondamentale de l’être humain”.

Le public clairsemé dans les gradins et sur la pelouse, tend l’oreille dans un silence respectueux. Certains prennent des notes, d’autres méditent, ou bâillent.

“Il ne dit rien d’exceptionnel, juste des paroles sages”, admet un jeune couple avec enfant venu de Heidelberg (sud-ouest) pour voir le dalaï lama. Un personnage d’un “rayonnement particulier” pour Kristina, 27 ans, institutrice, qui regrette cependant une atmosphère “un peu trop sobre” à son goût.

Thich Hue An, un moine de 56 ans qui anime un centre bouddhiste à Bâle en Suisse, approuve le thème de la conférence du jour: “l’économie doit être là pour les hommes et non l’inverse”, dit-il.

Sur scène, un entrepreneur et un économiste spécialiste de l’éthique dénoncent la “cupidité” et “l’égoïsme” dans l’économie moderne, un climatologue parle du potentiel des énergies renouvelables, le public applaudit mollement, le dalaï lama écoute.

photo_1249138967339-1-1.jpg
ï lama lors d’une conférence à Francfort, le 30 juillet 2009 (Photo : Thomas Lohnes)

“Nous devons agir” et revoir nos modes de vie, conclut le Tibétain, contre le réchauffement climatique et “le fossé entre riches et pauvres”.

Phuntsok Dahortsang, une Suissesse d’origine tibétaine, est venue avec sa mère et son fils. “Le bouddhisme est une religion très moderne car elle place la responsabilité de chacun et vis-à-vis des autres au dessus de tout, il ne s’agit pas que de prier”, lance-t-elle.

“La crise actuelle était prévisible, tous les banquiers savaient que la bulle allait éclater un jour”, se désole Tom Waldmüller, 48 ans. “Mais le monde ne va pas en tirer de leçon”, le “système” est trop bien en place, selon lui. Lui-même perçoit son travail dans le marketing de produits pharmaceutiques comme une contradiction permanente avec ses convictions. “Je ne dois penser qu’au chiffre d’affaires”.

Le bouddhisme se vend et s’achète, lui aussi: le public, qui a payé à partir de 29 euros la journée par personne jusqu’à 230 euros le forfait 4 jours, se presse dans les stands des associations et des magasins spécialisés à l’entrée du stade, proposant biographies du dalaï lama, méthodes d’apprentissage de la méditation en livres, CD ou DVD, bouddhas miniatures, verroterie ou sacs tibétains.

“Si nous faisons des bénéfices, nous les redistribuerons aux oeuvres de charité du dalaï lama”, promet Reinhard Türk, membre du conseil de l’Union bouddhiste allemande (DBU), l’une des trois associations à l’origine de la visite du chef spirituel.

Mais pour l’heure, les organisateurs sont dans le rouge, assure M. Türk: avec quelque 7.000 spectateurs jeudi à l’ouverture et 11.000 vendredi, alors que le stade peut contenir jusqu’à 55.000 personnes, la crise est aussi passée par là.