Au Maroc, elle n’est pas unique, elle est continue

maroc-job-1.jpgLa révolution des horaires de travail, c’est l’Etat qui l’a amorcé en prenant le
taureau par les cornes et en lançant la séance continue comme nouveau mode
d’emploi, le secteur privé a suivi progressivement.

Pour le ministère marocain de la Modernisation des secteurs publics,
l’instauration de l’horaire continu dans les administrations publiques s’inscrit
dans le cadre des chantiers de modernisation en cours au Maroc et constitue une
réponse aux mutations du pays sur les plans économique, social et urbain.

L’horaire continu contribuerait, selon lui, à créer «un nouveau mode de vie
adapté à la nouvelle société du XXIème siècle et un projet sociétal qui place le
travail au centre de toute l’activité socioprofessionnelle du citoyen, et rompt
avec la perte du temps occasionnée par la rupture du travail entre midi et
14h30».

Le ministre chargé de la Modernisation des Secteurs Publics avait, à l’époque,
déclaré que la séance continue «n’est pas un changement technique des horaires
de travail, mais une approche fondée sur une conception rationnelle et une
gestion positive du temps dans la perspective d’accompagner le développement
socioéconomique que connaît le Maroc (1)».

La décision prise par l’Etat marocain n’a pas été parachutée sur la population
active du Royaume, elle a fait suite à une compagne de sensibilisation
accompagnée d’un argumentaire convaincant de la part du gouvernement qui
justifie, entre autres, la mesure par son impact positif sur la gestion des
affaires générales du pays, les intérêts des citoyens et de l’économie
nationale, des fonctionnaires et des agents, ainsi que par une meilleure gestion
du temps, de l’énergie et des relations avec les partenaires internationaux.

85% d’adhésion

Une étude menée par les pouvoirs publics au sujet de l’horaire continu a montré
que près de 85% des fonctionnaires adhèrent au projet. L’horaire continu aurait
plusieurs avantages : plus de productivité, une augmentation de la plage de
contact horaire avec les pays de l’Union européenne, moins de frais de
fonctionnement des administrations et une réduction de la facture énergétique.
Même l’environnement en a profité grâce à une diminution notable de la pollution
et de la consommation du carburant. Les heures de pointe étant réduites à deux
par jour, la consommation de l’électricité aurait considérablement baissé.

Mais il n’y a pas que cela, l’instauration de l’horaire continu du travail au
Maroc a généré de nouvelles activités économiques qui ont créé des milliers
d’emplois. Les moyens d’accompagnement pour la restauration et en particulier
les sociétés de restauration collective se sont beaucoup développés tout comme
la création de jardins d’enfants et les crèches.

Les administrations publiques marocaines ont également créé des espaces
consacrés à la pause de midi.

Pour le ministre marocain chargé de la Modernisation des Secteurs Publics, «la
dynamique de modernisation vise à sortir de la médiocrité pour aller vers
l’efficacité. L’horaire continu et les départs volontaires sont quelques-uns de
cette recherche de la performance (2)».

Le secteur bancaire et financier a suivi non sans mal. En 2005, au démarrage de
l’application de la séance continue, le Groupement professionnel des Banques du
Maroc (GPBM) a été le premier opérateur du secteur privé à basculer dans
l’horaire continu. Le choix, selon les banquiers, se justifiait par des besoins
de gestion et d’économie d’énergie. Sous la pression des syndicats des employés
du secteur bancaire, il a dû, dans un premier temps, battre en retraite, non
sans avoir avec tous les autres institutions bancaires contre attaquer pour
arriver aujourd’hui à s’aligner aux horaires de travail des administrations
publiques.

Pour le secteur financier, c’est 8h30/16h30 avec une heure de pause.

Pour les opérateurs privés marocains, les horaires de travail ne sont soumis à
aucune contrainte d’horaires.

De par le monde, la majorité des pays développés et ceux du pourtour
méditerranéen adoptent l’horaire continu, car il comporte de nombreux avantages.
En Europe, on travaille de 9h à 17h.

(1)Journal « Le Matin »

(2)Journal « Le Journal »