La BERD voit son rôle renforcé par la crise, mais l’avenir reste flou

[16/05/2009 15:45:50] LONDRES (AFP)

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ésident de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) Thomas Mirow, le 15 mai 2009 à Londres (Photo : Leon Neal)

La Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) a tenu vendredi et samedi son assemblée générale annuelle à Londres, dans un contexte de crise qui a renforcé son rôle mais aussi posé la question de sa mission et de son financement à plus long terme.

Le rôle de pompier joué depuis l’an dernier par la banque, créée en 1991 pour aider l’ancien bloc soviétique à passer à l’énonomie de marché, a été abondamment souligné par les participants à l’assemblée.

Alors que certains pays donateurs étaient auparavant prêts à la quitter, estimant sa mission de base terminée, cette question n’était plus à l’ordre du jour cette année.

“La BERD a maintenant un rôle à jouer en veillant à ce que (ses) succès chèrement acquis ne soient pas mis en péril par la crise actuelle”, a résumé Brian Lenihan, ministre irlandais des Finances et président cette année du conseil des gouverneurs.

L’Australie, ainsi, a accepté de rester, dans le cadre de l’engagement du G20 à voir les grandes institutions financières internationales jouer un rôle accru pour régler la crise actuelle. En avril, le G20 a autorisé l’allocation de 1.100 milliards de dollars de ressources supplémentaires pour ces institutions, en particulier le FMI.

La BERD anticipe une chute en 2009 du Produit intérieur brut (PIB) de sa zone d’activité (30 pays) de 5,2%, avant une maigre croissance de 1,4% en 2010.

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ésident cette année du conseil des gouverneurs de la BERD, le 7 avril 2009 à Dublin

Coopérant activement avec ses paires, elle s’est notamment engagée à investir 25 milliards d’euros sur deux ans avec la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque mondiale pour renforcer les réseaux bancaires et l’économie réelle des pays où elle opère.

Mais elle a, inévitablement, elle-même été touchée par la crise, notamment après une forte dépréciation de ses actifs qui a entraîné en 2008 sa première perte nette depuis dix ans, 602 millions d’euros.

M. Lenihan a jugé cette perte “probablement inévitable” et conforme à l’attente des actionnaires d’une “prise de risques équilibrés et appropriés” par la banque.

“Bien que les résultats financiers aient leur importance, la valeur fondamentale de la Banque réside dans ce qu’elle peut faire pour améliorer la qualité de vie des habitants de la région”, a-t-il souligné.

La BERD a déjà annoncé qu’elle allait investir cette année un record de 7 milliards d’euros, dont 2,3 milliards ont déjà été affectés.

La nouvelle question est désormais celle d’un renforcement du capital de la banque, dotée initialement de 20 milliards d’euros.

“La BERD est solidement dotée en fonds propres”, mais “si l’activité continue de croître, la question de l’adéquation du capital se posera”, a noté le président de la banque, Thomas Mirow.

Parmi les actionnaires, 63 pays, dont 61 pays donateurs ou receveurs, la Commission européenne et la BEI, “beaucoup ont estimé qu’il faudrait rechercher les moyens de faire un usage plus efficace du capital existant”, a résumé M. Lenihan, “beaucoup se sont montrés ouverts à prendre en compte les implications d’une demande beaucoup plus forte pour la BERD dans la région”.

Cependant, a-t-il dit, “plusieurs ont souligné que le contexte de réponse à la crise ne signifiait pas qu’il y aurait une forte demande à moyen et long terme”.

Ce débat aussi politique que technique devrait trouver une réponse lors de la prochaine assemblée annuelle, à Zagreb en Croatie, sous présidence française.

M. Mirow, dont c’était la première année de présidence, a assuré pour sa part que la BERD restait “un partenaire fiable et déterminé”, et qu’elle “le resterait sur le long terme”.