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à l’assemblage, le 3 septembre 2008 à Hambach (Photo : Patrick Hertzog)

[23/04/2009 19:03:30] PARIS (AFP) Moins grosse, moins chère et moins gourmande en essence: l’automobile moyenne vendue l’an dernier en France a vu ses mensurations et son prix fondre sous le double effet de la crise et du bonus écologique.

L’année 2008 marque un tournant historique après plus de 50 ans de hausse ininterrompue, et la voiture devrait “continuer à réduire la voilure cette année”, selon une étude publiée jeudi par l’Argus de l’automobile.

En un an, la voiture moyenne en France a perdu 2 cm pour en mesurer 4,15 m, a maigri de 40 kg pour peser 1.253 kg, a vu diminuer ses cylindrées (de 58 cm3 à 1.576 cm3) et a dû renoncer à 5 chevaux (100 ch), écrit le journal spécialisé dans la cotation des véhicules.

La voiture est aussi devenue plus propre: les émissions de CO2 sont ainsi en recul, passant à 135 g/km, contre 145 g/km auparavant, et la consommation moyenne a diminué à 5,3 litres/100 km, soit 0,2 litre de moins qu’en 2007.

Conséquence du bonus écologique introduit en janvier 2008 et de la flambée des prix du pétrole, les Français ont en effet opté pour des modèles plus économiques, plus petits, délaissant les 4×4 et autres grosses berlines allemandes.

D’où la chute du prix moyen des voitures vendues, qui a baissé de 1.056 euros pour se situer à 18.962 euros, soit le niveau de 2004. Ce tarif reste toutefois quatre fois plus cher que celui enregistré en 1978 (4.362 euros).

La décrue des prix “va se prolonger en 2009, avec un marché toujours orienté à la baisse”, incitant les constructeurs à rivaliser de promotions, a expliqué Guillaume Mouren, analyste chez Xerfi. Et la prime à la casse, introduite en décembre 2008, va encore “accélérer la baisse des prix”.

“Lorsque les historiens de l?automobile retraceront son parcours, 2008 risque fort d?apparaître comme une année charnière dans l?évolution de l?espèce à quatre roues”, écrit l’Argus qui répertorie les caractéristiques des voitures depuis 1953.

Le portrait-robot de l’auto moyenne se fonde sur les 120 modèles les plus vendus dans l?année, qui représentaient l’an dernier 95% des ventes totales en France, selon le journal.

Le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA) a lui aussi constaté une “montée spectaculaire” des petites voitures en France (“gamme économique et inférieure”): ce segment a atteint 57% du total au premier trimestre 2009, contre 50% en 2008 et 45% en 2007.

Premiers de la classe, la Peugeot 207 et la Renault Clio ont ainsi été les voitures les mieux vendues en France en 2008, et cette tendance s’est confirmée au premier trimestre.

“La vision du client a changé, il va vers le pratique, l’utile, et l’aspect prix est primordial en ces temps de crise”, commente François Roudier, porte-parole du CCFA, qui a constaté également un “intérêt accru” pour la voiture “low cost” de Renault, la Logan.

“Mais le client veut aussi acheter le dernier modèle pour se faire plaisir et n’a pas revu à la baisse ses exigences en matière d’équipement, de fiabilité ou de sécurité”, a-t-il ajouté.

Fini la course à la voiture toujours plus puissante, toujours plus rutilante pour épater le voisin: “pour les jeunes citadins, posséder une grosse voiture n’est plus un symbole du statut social”, estime Bruno Marzloff, sociologue du groupe Chronos.

Ainsi, l’ère des Hummer, énormes 4×4 fabriqués par l’américain General Motors, est révolue: pour M. Marzloff, “ces monstres arrogants n’ont plus leur place dans le paysage automobile, ni sur un plan économique ni sur un plan écologique”.