Les pays de la zone euro s’inquiètent de l’ampleur de la crise en Irlande

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Le Gouverneur de la Banque centrale d’Irlande John Hurley, le 10 mai 2007 (Photo : Chris Maddaloni)

[03/04/2009 14:43:32] PRAGUE (AFP) Les partenaires européens de l’Irlande se sont inquiétés vendredi de la gravité de la crise économique dans l’ancien “tigre celtique”, confronté à une récession et une envolée du déficit public sans précédent dans l’Union européenne.

“Le gouvernement irlandais est conscient du problème grave qui se pose”, a déclaré à la presse le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, le forum des ministres des Finances de la zone euro, à l’issue d’une réunion à Prague.

Le ministre irlandais des Finances, Brian Lenihan, a souligné que son pays “avait été interrogé sur la situation sérieuse dans laquelle il se trouve” lors de la rencontre, et avait obtenu le soutien de ses partenaires pour les efforts engagés par son gouvernement.

Dublin s’apprête à annoncer le 7 avril des mesures d’économies de 4 à 4,5 milliards d’euros, soit 2 à 2,5% du PIB irlandais, dans le cadre d’un collectif budgétaire visant à contenir le déficit à 9,5% du PIB cette année, comme le pays s’y est engagé vis-à-vis de Bruxelles.

Un objectif jugé toutefois peu réaliste par de nombreux économistes qui redoutent qu’il dépasse 10%.

L’objectif à moyen terme est de ramener en 2013 le déficit national dans les limites européennes, soit en-dessous de 3% du PIB.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, a encouragé Dublin dans cette voie.

“Nous sommes convaincus que pour restaurer la confiance, attirer des investisseurs et créer les conditions d’une reprise durable (…) l’une des conditions nécessaires est de commencer la consolidation budgétaire”, a-t-il dit.

L’Irlande, après avoir enregistré pendant des années des taux de croissance spectaculaires, enregistre à présent les pires performances de toute l’Union européenne.

Principale cause: le marché immobilier, qui avait nourri un peu artificiellement la croissance pendant des années avec une envolée des prix et un boom de la construction, a chuté.

La Banque centrale d’Irlande a annoncé vendredi tabler sur une contraction du PIB de 7% en 2009 et de 3% l’année suivante.

Les difficultés de l’Irlande, ajoutées à celles d’autres Etats comme la Grèce, ont alimenté récemment les craintes d’un éclatement de la zone euro, même si les autorités rejettent ce scénario, et posé la question des outils disponibles au cas où l’un de ses pays membres n’arrivait plus à faire face à ses obligations financières.

Interrogé sur la manière concrète dont le reste de la zone euro pourrait aider l’Irlande, le président de la Banque centrale européenne a toutefois renvoyé Dublin à ses responsabilités, en estimant que l’Irlande avait déjà droit “à un degré considérable de solidarité” de par son appartenance même à l’Union monétaire.

Le ministre irlandais a refusé de son côté l’option d’une aide spéciale, comme l’émission d’euro-obligations, des emprunts d’Etat que souscriraient ensemble plusieurs pays avec l’Irlande pour partager les risques et lui permettre d’emprunter à un tarif abordable.

“Nous devons assumer nous-mêmes nos responsabilités pour nos finances, nous ne pouvons pas chercher à obtenir de l’argent bon marché d’autres pays”, a dit M. Lenihan, en se félicitant de l’appartenance de l’Irlande à la zone euro. Si ce n’était pas le cas, la situation serait “beaucoup plus difficile”, a-t-il ajouté.