Orange Sport va savoir s’il peut vendre son +triple play+, le foot inquiet

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ébut d’un match de football (Photo : Patrick Bernard)

[30/03/2009 19:24:48] PARIS (AFP) La justice se prononce mardi sur l’interdiction faite à Orange de subordonner l’abonnement à Orange Sport à une souscription “triple play” (télévision, téléphone et internet), une décision guettée par le football français qui ne veut pas perdre un puissant enchérisseur pour ses appels d’offres.

Orange demande la levée de l’exécution provisoire ordonnée par le tribunal de commerce le 23 février.

Pour ne pas enfreindre la loi, Orange a cessé de vendre de nouveaux abonnements en attendant la décision de justice. Elle a aussi cessé d’acquérir des droits exclusifs dans le sport avant de savoir si la justice validait sa stratégie économique de mêler contenus et réseaux pour attirer des clients.

Free et Neuf, ses concurrents, contestaient le fait qu’Orange fasse de la “vente liée”, obligeant ceux qui voulaient s’abonner à sa chaîne sport à souscrire un abonnement triple-play.

Pour sa défense, Orange fait valoir que le modèle économique qu’il a choisi a toujours été validé par les autorités, comme le conseil de la concurrence. “A chaque étape on nous a dit: +oui, oui, oui!+”, s’emporte Nicolas Guérin, directeur juridique concurrence de France Télécom (la maison mère), “et on a acquis les droits (de la L1, ndlr) sur cette base-là. Si on change les règles du jeu, ça devient un problème juridique”.

Tout ne se joue pas mardi. La Cour d’appel doit encore se prononcer sur le fond (audience le 30 avril), et non plus seulement sur la levée ou non de l’interdiction de vente liée. Cette bataille juridique s’inscrit de toutes façons dans le plus vaste théâtre d’opérations de la guerre entre Orange et Canal+.

Et il y a les dommages collatéraux. Ce n’est pas seulement le modèle économique d’Orange qui est en danger, c’est aussi celui des clubs français, pour qui une disparition de la chaîne Orange Sport du rang des acheteurs de droits serait une catastrophe. Inquiets pour leurs propres intérêts, les autres sports collectifs (handball, basket, rugby…) ont d’ailleurs décidé d’intervenir auprès des tribunaux aux côtés de France Télécom.

“Sans le soutien d’Orange, le football français serait en faillite”, avait même prévenu le président de la Ligue (LFP), Frédéric Thiriez, dans L’Équipe.

Avec 203 millions d’euros versés chaque saison pour, notamment, le match du samedi soir sur Orange Sport, la marque de France Télécom est effectivement un partenaire de poids de la LFP. De son côté, Canal+ verse 465 millions d’euros chaque saison, ce qui permet au football français de compter au total sur 668 millions par saison.

Quelle que soit la décision rendue mardi, cette somme devrait tomber chaque saison jusqu’en 2012 dans l’escarcelle de la Ligue, Orange étant lié par contrat. Mais au-delà c’est le vide. Et 2012 arrivera vite.

Or, s’il n’y a pas de concurrent de même taille, Canal+, seul à enchérir, pourrait fort bien baisser nettement son offre pour 2012-2016. C’était déjà la stratégie envisagée pour le précédent appel d’offres (2008-2012): après avoir vaincu et absorbé son concurrent, TPS, Canal+ avait voulu payer moins que les 600 millions d’euros qu’il versait pour les droits de la L1. Ce qui avait incité la LFP à chercher des concurrents, dont Orange.

Les clubs français, dont le budget est assuré pour plus de la moitié par les droits télés, laisseront eux aussi traîner une oreille près de la cour d’appel.