Gazoducs : Kiev, en quête d’argent, promet la transparence, Moscou proteste

photo_1237837912222-1-1.jpg
ère ministre ukrainienne Yulia Tymoshenko (G, assise) et la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, le 23 mars 2009 (Photo : Mykola Lazarenko)

[23/03/2009 20:18:37] BRUXELLES (AFP) L’Ukraine, qui a besoin de plusieurs milliards d’euros pour moderniser ses gazoducs, a promis lundi de mettre fin à l’opacité de leur gestion en échange du soutien des investisseurs occidentaux, au grand dam de Moscou, offusqué de n’avoir pas été consulté.

“Nous avons tous intérêt à ce que l’Ukraine soit un fournisseur fiable”, a déclaré la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner lors d’une conférence consacrée à la modernisation au réseau ukrainien à Bruxelles.

“Nous ne pouvons pas permettre que nos citoyens subissent une nouvelle coupure au coeur de l’hiver”, a-t-elle ajouté, deux mois après la crise gazière russo-ukrainienne qui a entraîné la coupure des livraisons de gaz dans l’UE pendant deux semaines.

L’Ukraine, la Commission européenne, la Banque européenne d’investissement, la Berd et la Banque mondiale ont signé lundi une “déclaration commune” fixant les engagements que Kiev devra prendre pour obtenir des soutiens financiers occidentaux.

Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, qui pour l’occasion faisait cause commune avec sa rivale le Premier ministre Ioulia Timochenko à ses côtés, a promis de “mettre de l’ordre” et de “rejeter tous les schémas de corruption” dans son pays – même si Kiev entend rester propriétaire d’un réseau qui fournit aux Européens 80% de leur gaz russe.

Mais le ministre russe de l’Energie, Sergueï Chmatko, également présent à la conférence avec des réprésentants de Gazprom, s’est dit “surpris” que le texte signé lundi “ne fasse aucune référence à la Russie en tant que fournisseur et partenaire stratégique”.

Une protestation relayée au plus haut niveau par le Premier ministre Vladimir Poutine, qui a jugé le document “au minimum irréfléchi et pas professionnel”.

“Si les intérêts de la Russie sont ignorés, alors nous serons forcés de commencer à revoir les principes de nos relations” avec l’UE, a-t-il menacé, selon des propos retransmis par la télévision russe.

M. Poutine n’a pas donné plus de détails. Mais M. Chmatko a estimé que “sans implication de la Russie, cela remettra en question les diversifications ultérieures prévues”.

Moscou est impliqué dans plusieurs projets de gazoducs avec des industriels européens, comme Nord Stream qui doit relier la Russie à l’Allemagne en passant sous la mer Baltique, évitant l’Ukraine.

Même si elle veut ménager ses relations – incontournables – avec Moscou et Kiev, l’UE veut diversifier ses livraisons énergétiques, en construisant par exemple le gazoduc Nabucco approvisionné par les pays de la Caspienne via la Turquie.

Ioulia Timochenko a cependant fait valoir lundi devant les investisseurs que la construction de ces nouveaux tuyaux serait beaucoup plus coûteux qu’une modernisation du réseau ukrainien.

“Beaucoup de choses sont dites sur les voies alternatives d’approvisionnement en gaz contournant l’Ukraine, mais la construction de nouveaux gazoducs représente des dizaines de milliards d’investissements”, a-t-elle souligné.

Avec la crise économique actuelle, “il est difficile d’investir dans de nouveaux projets”, a-t-elle insisté.

Selon des études de la Commission, l’Ukraine a besoin de 2,5 milliards d’euros pour rénover ses infrastructures, ce qui permettrait aussi d’améliorer leur efficacité de 25%.

L’Ukraine souhaite de surcroît consacrer 5,5 milliards de dollars à l’extension de son réseau.