La France de plus en plus pessimiste pour son déficit

[04/01/2009 15:11:12] PARIS (AFP)

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à l’Elysée. (Photo : Gerard Cerles)

Le gouvernement a de nouveau revu en hausse dimanche sa prévision de déficit budgétaire pour 2008, plombé par le ralentissement économique et le plan de relance qui constituent un cocktail explosif pour les finances publiques.

Le ministre du Budget Eric Woerth a indiqué que le déficit de l’Etat se situerait cette année “aux alentours de 56 ou de 57 milliards d’euros”. Cette révision intervient moins de deux semaines après l’adoption d’une version rectifiée du budget par le Parlement, creusant déjà le déficit à 51,7 mds d’euros contre 41,7 initialement inscrits dans la loi de finances.

Le manque à gagner en matière fiscale, en raison du ralentissement économique, devrait être plus important que prévu et atteindre “10 à 12 milliards d’euros”, a reconnu M. Woerth.

C’est la troisième fois que le gouvernement révise l’estimation de ses recettes fiscales, dont les résultats définitifs ne seront connus que dans le courant de l’année.

Pour 2008, “on avait prévu des recettes fiscales de l’ordre de 271 milliards d’euros” dans la loi de finances et “en fait, je pense qu’on sera plutôt aux alentours de 260”, a expliqué M. Woerth.

A cause de l’impact de la crise sur la consommation, l’Etat peut compter sur “un peu moins” de TVA que prévu, selon lui, alors qu’elle constitue sa première recette fiscale.

L’impôt sur les sociétés sera aussi “de l’ordre de 4 à 4,5 mds en dessous des prévisions initiales” cette année, signe que les entreprises enregistrent des résultats moins bons que prévu.

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évolution annuelle (Photo : Laurence Saubadu)

Mais c’est aussi parce qu’elles “passent des provisions”, craignant que leurs placements sur les marchés puissent être affectés par la crise, a nuancé M. Woerth.

Le déficit est aggravé par les dépenses du plan de relance de 26 milliards d’euros contre la crise, et dont une partie a été préfinancée en 2008.

Le ministère du Budget avait déjà reconnu lundi que le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) pourrait dépasser pour 2008 la barre de 3% du Produit intérieur brut, maximum autorisé par Bruxelles, au lieu des 2,9% prévus. La Commission européenne a toutefois fait savoir qu’elle ferait preuve de “flexibilité” en raison de la crise.

En 2009, la France a d’ores et déjà annoncé qu’elle serait bien au-delà (3,9% du PIB), avec notamment un déficit pour l’Etat “aux alentours de 79 milliards d’euros”, contre 57,6 mds prévus initialement.

Le président PS de la commission des Finances de l’Assemblée, Didier Migaud, estime pour sa part qu’il va frôler les “100 milliards d’euros”. Et il a demandé à la majorité de revenir sur le paquet fiscal de l’été 2007 (financement des heures supplémentaires, bouclier fiscal plafonnant l’impôt à 50% des revenus…) qui l’a, aux yeux de la gauche, privé de marge de manoeuvre financière face à la crise.

En matière de dette publique, les voyants sont aussi au rouge. La France, qui n’envisage actuellement pas de vendre des actifs en raison des mauvaises conditions de marché, prévoit qu’elle atteindra 66,7% du PIB en 2008 et 69,1% en 2009.

Le gouvernement espère toutefois pouvoir encore compter sur une croissance de 0,2 à 0,5% en 2009: “les plans de relance français, européens, mondiaux, vont bien jouer leur rôle, je l’espère dès le premier trimestre, sur l’économie internationale”, a expliqué Eric Woerth.

Moins optimiste, l’Insee s’attend à ce que la France bascule dans la récession au début de l’année prochaine pour la première fois depuis 1993, ce qui ne manquerait pas de compliquer un peu plus la situation budgétaire.