Le Trésor américaine organise le sauvetage financier des achats auto

[30/12/2008 09:46:49] NEW YORK (AFP)

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à l’usine Chrysler de Warren (Michigan), le 16 décembre 2008 (Photo : Spencer Platt)

Le Trésor américain a débloqué lundi six milliards de dollars pour venir en aide au groupe de services financiers GMAC, détenu actuellement par General Motors et le propriétaire de Chrysler, dont une faillite n’aurait pu qu’aggraver encore les difficultés des constructeurs de Detroit.

L’opération repose d’une part sur une recapitalisation directe du Trésor américain à hauteur de 5 milliards de dollars, et d’autre part sur un nouveau prêt de un milliard de dollars consenti à General Motors spécifiquement pour participer à cette opération de renflouement.

Ces sommes s’ajoutent au paquet d’aide annoncé le 19 décembre pour sauver GM et Chrysler, au bord de la cessation de paiement. Il était prévu dans ce cadre que les deux constructeurs touchent dès lundi 4 milliards de dollars chacun, mais le versement a été retardé le temps de mettre au point des modalités, selon des responsables du Trésor, et devrait intervenir “très prochainement”.

GMAC, lui, a reçu dès lundi les six milliards, cinq jours à peine après avoir obtenu sous conditions le statut de banque lui permettant de prétendre aux fonds du plan Paulson. L’aide gouvernementale a été débloquée sans attendre le dénouement de l’opération très laborieuse de restructuration de la dette de GMAC, aux termes de laquelle les créanciers de la société devaient accepter un échange de la dette contre des actions.

L’opération était censée être bouclée vendredi soir pour que la transformation en banque soit effective, mais lundi soir GMAC n’avait toujours pas communiqué le résultat des négociations avec ses créanciers.

Un responsable du Trésor s’exprimant sous le couvert de l’anonymat s’est refusé à tout commentaire à ce propos.

En sauvant GMAC, grâce à des fonds puisés une nouvelle fois dans le plan Paulson, voté en octobre pour sauver le système financier, l’administration vient en aide à un acteur se trouvant à la charnière de la crise du crédit et de la crise de l’automobile. GMAC est l’ancienne division de crédit automobile, devenue indépendante, de General Motors. Ancienne vache à lait du constructeur, elle s’était aventurée dans les crédits immobiliers, ce qui a précipité ses déboires: elle a perdu 5 milliards de dollars en six mois.

Son effondrement n’aurait fait qu’ajouter aux difficultés du secteur automobile, alors qu’elle finance à la fois les concessionnaires, qui se reposent sur elle pour acheter les véhicules qu’ils mettent en vente, et les acheteurs de voiture, qui à 90% recourent au crédit aux Etats-Unis. Aussi le Trésor a-t-il souligné que ce geste pour sauver GMAC faisait “partie d’un programme plus large pour aider l’industrie automobile nationale à devenir financièrement viable”. Ce programme représente une enveloppe qui était jusqu’alors chiffrée jusqu’à 17,4 milliards de dollars.

L’administration avait en effet annoncé le 19 décembre que pour éviter l’effondrement de l’industrie automobile elle accorderait une ligne de crédit de 9,4 milliards de dollars à GM, et de 4 mds USD à Chrysler.

Une autre enveloppe de 4 milliards de dollars devrait être mise à la disposition de GM en février. Le troisième constructeur national, Ford, un peu moins à court de liquidités que ses concurrents, avait fait valoir qu’il n’avait pas besoin d’aide fédérale d’urgence pour passer l’année.

En échange des cinq milliards de dollars apportés pour recapitaliser GMAC, le Trésor recevra des actions préférentielles rapportant un dividende de 8%. Le Trésor obtient également des bons de souscription d’actions, représentant jusqu’à 5% du montant initial, qui rapporteraient un dividende de 9% si elles étaient effectivement souscrites.

Par ailleurs la Réserve fédérale a exigé que pour que GMAC devienne une banque GM s’engage à ramener sa participation à moins de 10%. La participation du fonds Cerberus, propriétaire de Chrysler et de 51% de GMAC actuellement, ne pourra excéder à l’avenir 33% du capital.