Allemagne : les grèves d’avertissement se multiplient dans la métallurgie

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és du conglomérat MAN manifestent à Munich, dans le sud de l’Allemagne, le 3 novembre 2008 (Photo : Oliver Lang)

[03/11/2008 12:16:39] FRANCFORT (AFP) Plus de 30.000 salariés du secteur de la métallurgie ont débrayé lundi matin dans toute l’Allemagne pour réclamer 8% de hausse de salaire, selon le puissant syndicat IG Metall.

Les grèves d’avertissements, qui ont débuté samedi, s’étendaient lundi notamment à la production de véhicules utilitaires de Daimler à Düsseldorf (ouest) où quelque 2.600 employés des équipes de nuit et du matin participaient au mouvement, selon le syndicat.

Des opérations de débrayage étaient également prévues chez les constructeurs automobiles Ford à Saarlouis (sud-ouest) et Opel à Bochum (ouest), chez l’équipementier Bosch à Giessen (ouest), ou encore chez le sidérurgiste Salzgitter dans la ville du même nom.

L’accord salarial jusqu’ici en vigueur pour les 3,6 millions de salariés de cette vaste branche, qui recouvre des secteurs aussi hétéroclites que l’automobile, l’électronique ou encore les machines-outils, a expiré vendredi.

Le puissant syndicat, qui compte quelque 2,3 millions d’adhérents et dont le fonds de grève s’éléverait, selon le quotidien Bild, à plus de deux milliards d’euros, pourrait appeler ses adhérents à voter une grève illimitée à partir de mi-novembre en cas d’échec des négociations salariales.

Aucun terrain d’entente n’a pour le moment été trouvé entre IG Metall, dont la revendication est la plus élevée depuis 16 ans, et les employeurs de la fédération Gesamtmetall, prêts à offrir une augmentation de 2,9% maximum sur 14 mois.

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és de la métallurgie manifestent à Saarlouis, dans le sud-ouest de l’Allemagne, le 3 novembre 2008 (Photo : Torsten Silz)

Ces négociations sont cruciales pour l’économie allemande, IG Metall donnant souvent le ton pour les augmentations négociées dans d’autres secteurs industriels.

IG Metall affirme que les employeurs ont profité de la croissance dans les années passées et que la crise économique actuelle ne devrait pas servir d’excuse pour pénaliser les salariés à un moment où l’industrie a besoin d’une reprise de la consommation.

“Les gens ont besoin d’argent pour pouvoir s’acheter ce qu’ils produisent, dont des voitures”, a ainsi souligné lundi à la télévision ZDF le président d’IG Metall, Berthold Huber. Pour lui, le plus gros risque qui pèse sur l’économie allemande est “le refus de consommer”.

Les négociations salariales interviennent à un moment où les employeurs allemands commencent à licencier des travailleurs intérimaires et où l’industrie automobile, un des principaux moteurs économiques du pays, envisage de réduire sa production l’an prochain.

Gesamtmetall affirme que la modération salariale est nécessaire pour faire face à la crise, alors que la demande commence à sérieusement fléchir dans un certain nombre de secteurs, mettant les entreprises sous pression.

“Si nous voulons sauver le plus possible les 250.000 emplois créés du fait de la croissance, la hausse des salaires doit être inférieure à la dernière fois”, a affirmé ce weekend à la presse le négociateur en chef de l’organisation patronale, Ulrich Brocker.

Une représentante de la direction d’IG Metall, Helga Schwitzer, interviewée lundi par la radio bavaroise, a affirmé espérer qu’après les grèves d’avertissement “nous pourrons négocier de façon raisonnable et trouver un compromis raisonnable”.