SAMEF : du management à l’emploi sur mesure


Par Mohamed BOUAMOUD

samef1.jpgAu 23 rue Emir Abdelkarim,
quelque part à Mutuelleville, le silence qui règne sur les lieux ne peut ne
pas surprendre. Ni va-et-vient. Ni visiteurs. Ni conversations. Pas même le
tintamarre du téléphone. Apparemment, d’ailleurs, très peu de bureaux. Et un
calme total. Même la secrétaire, le combiné pendu à l’oreille, parle très
peu. Presque pas du tout. Tout juste le nécessaire : « D’accord, je vais
vous annoncer auprès de lui ». Et lui, petit sourire aux lèvres, reçoit en
ouvrant bien grands la porte de son bureau et les bras. Pourtant d’un
certain âge, il garde la carrure imposante d’un ancien handballeur qu’il
n’avait peut-être jamais été. Salle d’une sobriété étonnante. Pas l’ombre
d’un luxe. Mais une bibliothèque à rayons infinis renvoyant quasiment les
mêmes intitulés : ‘‘Management’’, ‘‘Formation’’, ‘‘Développement’’, ‘‘Etudes
stratégiques’’, etc. Et soudain un appel téléphonique : « Oui, je t’ai
appelé pour une étude exhaustive sur la filière huile en Tunisie. Je la
voudrais pour demain après-midi au plus tard. Merci ». Incroyable ce que le
ton peut être doux et péremptoire à la fois. Mais on comprend vite que
l’homme est tout simplement un monument en soi. Tout part et revient sur son
bureau sur des directives bien gentilles mais à valeur de sommations.

 

De
CEGOS à SAMEF

 

Créée en 1926, la Société
CEGOS, implantée à Paris, est depuis longtemps passée leader européen de la
formation professionnelle, du management et du développement des
compétences. Parmi ses filiales, elle comptait une à Tunis dans les années
70 avec pour vocation essentielle la formation professionnelle en
entreprise. Dans le même temps, lui, le Dr. Taoufik Rabah, était directeur
de Cabinet du ministre de l’Education et directeur de la Planification du
même département. Il devait en 1974 être détaché par le gouvernement
tunisien auprès de CEGOS à Paris en vue de superviser les activités de la
Société parisienne dans les pays arabes, tout en assurant la direction
technique de CEGOS Tunisie qui finit par être nationalisée en 1977 sous le
nom de SAMEF (Société d’Assistance en Management, d’Etudes et de Formation).
Profil le mieux indiqué, le Dr. Taoufik Rabah en prend les rênes et
développe l’activité « Formation et perfectionnement professionnels » à
l’intérieur des entreprises. Mais c’est ainsi qu’ont petit à
petit été exprimés les besoins des entreprises tunisiennes en matière de
formation professionnelle en entreprise. Elle, la SAMEF, dite de consulting
et de développement, est lancée à dessein de créer de nouveaux concepts en
management. En gros, elle agit dans les domaines des études stratégiques et
sectorielles, de développement, de privatisation, environnementales, de
marketing et de développement commercial, cependant que ses départements
spécifiques opèrent dans pratiquement tous les domaines touchant au secteur
bancaire, à l’hôtellerie, au développement industriel, agricole et
agroalimentaire pour ne citer que quelques uns. Société anonyme, elle
compte, entre autres actionnaires, son propre personnel, mais aussi la BTKD,
la BTEI, la Société Dalmas, l’ONA, etc. Le long de son existence, SAMEF a
réalisé plus de cinq mille interventions d’études, d’organisations et de
conseils en Tunisie et à l’étranger, l’élaboration de plus de six cents
plans de formation pour le compte d’entreprises publiques et privées, et
l’accueil de quelque soixante mille cadres et agents en stages de
perfectionnement et de formation. Son capital se monte à 220 mille dinars.
Soit. Mais son chiffre d’affaires de l’exercice 2007 ?… « Pas mal…,
respectable, disons… », répond le Dr. Rabah avec un sourire fort aimable
mais qui n’autorise guère la discussion.

Les bébés de SAMEF

En bonne mère de famille, SAMEF a fait des bébés. Et plutôt, bien dodus. Le
premier, né en 1989, est baptisé S 2 i (Société d’Ingénierie Informatique et
de Communication) et confié à M. Maher Rabah avec un capital de 500 mille
dinars et une vocation portée sur les solutions réseaux informatiques et de
télécommunications. Ses sept départements spécialisés sont orientés vers la
micro-informatique, les réseaux LAN (serveurs d’entreprise…), les réseaux
WAN (routeurs et commutateurs, modems…), la sécurité réseaux (anti-virus…),
la formation (inter et intra entreprises…), l’ingénierie (stratégies de
communication et de technologies de l’information…) et les services à valeur
ajoutée (assistance…).

Le second arrive en 1991 sous le nom de Top Ingénierie (Société d’Etudes
Techniques et de Promotion Technologique) et est doté d’un capital d’un peu
plus de 60 mille dinars. Ses champs d’activités sont liés à l’ingénierie
d’entreprise, l’ingénierie informatique, le génie industriel et
environnemental, le management industriel, l’ingénierie de la qualité, les
études et les audits techniques, ainsi que la formation et le développement
des qualifications techniques.

Prospective Institute est le dernier-né de SAMEF. C’est, plus précisément,
un Institut supérieur des sciences de la communication, d’ingénierie de la
qualité, et de technologies pédagogiques. Ses points forts s’articulent
autour de l’ingénierie de la communication, du management des systèmes
d’information, de l’ingénierie de la qualité, de l’assistance technique, et
du développement de partenariat. On lui reconnaît également la modernisation
des entreprises par l’introduction des technologies du numérique : le
E-learning, le E-commerce et le E-management.

 

Vers l’emploi sur mesure

 

Ainsi, la SAMEF a été une véritable
source d’innovation et de développement d’expertise et l’on note aujourd’hui
la création de plus de 30 bureaux et cabinet d’études, de conseil et de
formation par des promoteurs qui ont fait école à la SAMEF dans de
nombreuses spécialités.

 

Manifestement, SAMEF ne se contentera pas de trois bébés, elle qui s’apprête
à accoucher d’une…université. Le Dr. Rabah parle plutôt d’une académie. Un
peu chiche, le projet ne se dévoile pas tout à fait pour le moment. Il va
s’agir, grosso modo, d’un institut supérieur appelé à dispenser un
enseignement à même de garantir l’emploi immédiat à l’étudiant. Ou peut-être
– ce qui revient au même – de garantir à l’entreprise tunisienne le profil
qu’il faut à la place qu’il faut. Fort imprégné des faiblesses et des
besoins de l’entreprise, le Dr. Rabah pense ainsi atteindre deux objectifs
d’un seul coup : limiter autant que faire se peut l’oisiveté des diplômés du
supérieur, mais en répondant aux besoins réels et spécifiques de
l’entreprise tunisienne. Nous reviendrons un jour sur ce projet qui ne
manquera pas de faire couler beaucoup d’encre et de salive.

Sur les pas de CEGOS ?

Le géant européen CEGOS compte dix filiales un peu partout en Europe mais
aussi en Chine, et emploie quelque 1 200 collaborateurs dont 700
consultants. Et tout porte à croire que SAMEF est sur ses pas, elle qui est
implantée en Mauritanie, au Maroc, en Libye, en Egypte, à Madagascar, au
Mali et en Algérie. Au total, elle compte 120 employés dont une cinquantaine
de consultants.

Son projet d’université lui confèrera une tout autre dimension.