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    Les soldes d’été, synonymes de réduction de prix, d’écoulement accéléré de 
    marchandises en stock (invendus), démarreront le 1er août et se 
    poursuivront, jusqu’au 15 septembre 2008. Les sites marchands sur le net 
    sont autorisés, au même titre que les magasins, à participer, à ces soldes. 
  
Il s’agit du 4ème solde de fait, depuis le début de l’année, même 
    si les appellations de ces braderies diffèrent au gré de l’humeur de 
    l’administration. 
  
    Pour mémoire, le premier solde a eu lieu entre le 1er février au 15 mars. Le 
    second est un prolongement du premier. Il s’est déroulé entre le 15 et le 31 
    mars 2008. Le troisième solde, d’un genre exceptionnel, chastement dénommé 
    par l’administration «ventes promotionnelles» a eu lieu entre le 1er 
    et le 20 juin.  
  
    Tout donne à croire que ce quatrième solde ne sera pas le dernier.  
  
    La deuxième quinzaine du mois de Ramadhan (15-30 septembre), période réputée 
    par la frénésie des achats de l’Aid El Fitr, est, généralement, accompagnée 
    de réductions significatives des prix et peut-être en conséquence assimilée 
    à un «solde déguisé». 
  
    A ces soldes officiels, exceptionnels ou déguisés, s’ajoutent d’autres 
    ventes promotionnelles organisées, à l’occasion, des fêtes religieuses et 
    officielles (fête de fin d’année). 
  
    Il faut dire que la période des soldes en Tunisie a tendance à se 
    transformer de plus en plus, certes en évènement festif, mais aussi en 
    évènement de transgression des conventions. Cette transgression est 
    perceptible à travers la multiplication «à la limite de la réglementation» 
    de ces braderies de fait ou de juré.  
  
    Conséquence : tout donne à croire que les soldes sont organisés, durant 
    toute l’année, et que le consommateur tunisien n’achète que durant les 
    périodes des soldes. En plus clair, les soldes en Tunisie ont tendance à 
    perdre leur saisonnalité et à s’annualiser.  
  
    Et pourtant, la pratique des soldes est réglementée presque de la même 
    façon, partout dans le monde. Ces ventes ne peuvent être réalisées qu’au 
    cours de deux périodes par année civile (soldes d’hiver et d’été) d’une 
    durée maximale de six semaines.  
  
    Pis, dans les pays développés, les ventes en soldes pratiquées en dehors des 
    périodes de soldes ou portant sur des marchandises détenues depuis moins 
    d’un mois au début des soldes sont sanctionnées. Des peines similaires sont 
    appliquées pour l’utilisation frauduleuse du terme “soldes”.  
  
    Le risque de cette tendance à l’annualisation est de voir des enseignes de 
    certaines industries (habillement, ameublement) fabriquer, dans la hâte, des 
    produits de moindre qualité (car au moindre coût) spécialement pour la 
    période des soldes.  
  
    De même, l’affichage des mentions «soldes», «promotions» et «taux de baisse» 
    sur les devantures des magasins portent un coup dur à l’urbanité et à 
    l’esthétique des villes.  
  
    La première victime de ces soldes, c’est le consommateur qui sera tenté de 
    croire faire des affaires alors qu’il achète en fin de compte des articles 
    de moindre qualité et dans des conditions d’accueil déplorables 
    (bousculades, payement en cash …).  
  
    Reste à savoir qui est responsable de cette situation ?  
  
    Le ministère du Commerce qui annonce les périodes des soldes officielles 
    tient à préciser, dans son traditionnel communiqué, que les dates des soldes 
    ont été fixées en concertation avec la centrale patronale.  
  
    Idem quand il s’agit de prolongement ou de ventes promotionnelles (28 mai 
    -20 juin 2008), le même département s’applique à rappeler, dans des 
    communiqués, que la décision a été prise avec l’accord du patronat, du 
    Conseil national du commerce, et surtout, de l’Organisation de défense du 
    consommateur (ODC). 
  
    Le ministère rappelle, également, à l’occasion des soldes, aux commerçants 
    la réglementation en vigueur. Celle-là même qui stipule que les participants 
    à ces soldes doivent déposer une déclaration auprès des directions 
    régionales du commerce et de l’artisanat, d’appliquer une réduction minimale 
    de 20%, de pratiquer le double étiquetage (ancien et nouveau prix) et 
    d’apposer sur les vitrines la mention “soldes” . 
  
    Résultat : toutes les parties concernées sont responsables et estiment que 
    les soldes contribuent à la dynamisation du commerce et de l’économie comme 
    en témoigne le nombre des commerçants qui participent à ces soldes lequel ne 
    cesse d’augmenter au fil des années.  
  
    Et pourtant, les secteurs qui bénéficient de ces braderies, prêt-à-porter, 
    cuir/chaussures, meubles, électroménager, cadeaux, parfums et lunettes, sont 
    loin d’être stratégiques et ont, en plus, la mauvaise réputation d’être les 
    champions de la mauvaise qualité. 
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