Rente du soja en Argentine : gouvernement et “campo” mesurent leurs forces

 
 
photo_1211744844741-1-1.jpg
à Rosario, en Argentine, le 25 mai 2008. (Photo : Rolando Andrade)

[26/05/2008 08:55:26] ROSARIO (AFP) Agriculteurs et gouvernement argentins ont mesuré leurs forces dimanche à l’occasion de deux rassemblements distincts, deux mois et demi après le début d’un conflit toujours dans l’impasse sur le partage de la rente du soja, principale richesse agricole du pays.

Quelque 300.000 personnes se sont rassemblées à Rosario (centre), au coeur du pôle agro-alimentaire argentin, pour participer à une grande démonstration de force de la part des agriculteurs soutenus par l’opposition.

“Le governement est aveugle et sourd. J’espère qu’ils comprendront que nous ne voulons pas d’un coup d’Etat, nous exigeons seulement équité et justice pour ceux qui vivent et travaillent dans le +campo+”, la campagne argentine, a déclaré à l’AFP Sara Castillejos, une agricultrice de 48 ans de la province de Santa Fe (centre).

Les agriculteurs se sont dits prêts à renouer le dialogue avec le gouvernement dès lundi, avertissant toutefois qu’en cas d’échec, les blocages de route et la grève reprendraient.

A 1.300 km plus au nord-ouest, devant quelque 150.000 personnes rassemblées à Salta, la présidente argentine Cristina Kirchner n’a pas soufflé mot du conflit en cours, se contentant de souligner le chemin parcouru par l’Argentine depuis la débâcle économique de 2001-2002 et d’inviter “tous les Argentins” à poursuivre l’effort de redressement du pays.

Les discussions entre gouvernement et agriculteurs argentins, parmi les plus importants producteurs du monde, avaient à nouveau échoué jeudi, les deux camps s’accusant d’être responsables de cet échec intervenu au lendemain d’une trêve décidée par le “campo” qui observe une grève des exportations de grains (céréales et soja) depuis le 8 mai.

L’Argentine est le premier exportateur mondial de farine et d’huile de soja et le troisième pour les graines de cet oléagineux principalement consommé en Asie. Elle est aussi le deuxième exportateur mondial de maïs (loin derrière les Etats-Unis) et le cinquième de blé, avec une production totale de 95 millions de tonnes de grains.

Jusqu’à mercredi, le négoce de grains était quasiment paralysé, mais cette situation n’avait pas affecté les exportations en raison des stocks importants constitués par les entreprises exportatrices. En s’efforçant de bloquer les exportations, les agriculteurs comptaient frapper le gouvernement au portefeuille. Celui-ci escompte des rentrées fiscales de 11 milliards de dollars grâce à une récolte de soja évaluée à 48 millions de tonnes.

Le gouvernement a réaffirmé vendredi qu’il n’entendait pas revenir sur le principe de la “taxe mobile” affectant les exportations de soja ou de céréales.

La taxe à l’exportation de soja a augmenté de plus de 25% en mars, à 44% la tonne, et elle devrait encore augmenter fortement et automatiquement à chaque nouvelle hausse du prix international de cet oléagineux.

Ce système de “taxe mobile” est jugé inadmissible par les agriculteurs qui dénoncent une mesure anti-économique et une volonté d’extorsion de la part du gouvernement, sans souci de la rentabilité pour le producteur.

Le “campo” s’était remis en grève le 8 mai après une première trêve d’un mois qui n’avait pas permis de débloquer la situation. Une première grève en mars avait provoqué d’importants problèmes de ravitaillement dans les villes et le blocage de dizaines de routes.

 26/05/2008 08:55:26 – Â© 2008 AFP