[28/04/2008 11:50:41] GRANGEMOUTH (AFP) Le ton montait lundi entre les employés et la direction de la raffinerie écossaise de Grangemouth, au deuxième jour d’une grève qui a causé la fermeture d’un important oléoduc, obligeant l’Ecosse à importer du carburant et propulsant le pétrole à un nouveau record. Les 1.200 salariés de la raffinerie de Grangemouth, qui appartient au groupe britannique Ineos, numéro trois mondial de la chimie, ont entamé dimanche une grève de deux jours, suite à l’échec de négociations au sujet de leur plan de retraite. Ce mouvement social a déclenché la fermeture du pipeline de Forties, à Grangemouth, au débouché de la mer du Nord, qui appartient au géant pétrolier BP, faisant craindre une pénurie de carburant alors qu’il transporte jusqu’à 700.000 barils de pétrole par jour à destination du marché britannique et international. Cet oléoduc, qui débouche sur le terminal de Kinneil, est alimenté en énergie par la raffinerie d’Ineos, et ne peut fonctionner sans l’électricité ni la vapeur que celle-ci lui fournit en temps normal. Malgré des appels à la raison des autorités, de nombreux automobilistes se sont rués ce week-end sur les pompes à essence, particulièrement en Ecosse et dans le nord de l’Angleterre, par crainte de manquer de carburant. Quelques stations-services se sont retrouvées à court de carburant, et des détaillants peu scrupuleux en ont aussi profité pour relever les prix à la pompe. Le gouvernement écossais a annoncé que 65.000 tonnes de carburant -essentiellement du gazole- seraient acheminées depuis plusieurs ports européens, dont ceux de Rotterdam et Amsterdam. Les premières livraisons étaient prévues ce lundi.
La fermeture de Forties a également contribué à pousser les prix du pétrole à de nouveaux plus hauts, sur un marché déjà très nerveux. Le prix du baril de “light sweet crude” coté à New York a atteint lundi un nouveau record historique de 119,93 dollars, se rapprochant un peu plus du seuil psychologique des 120 dollars. A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord s’est quant à lui hissé lundi matin à 117,51 dollars, non loin de son propre record de 117,56 dollars établi vendredi. De son côté, Oil and Gas UK, organisme qui défend les intérêts du secteur pétrolier au Royaume-Uni, a appelé le gouvernement à jouer les intermédiaires pour aider à résoudre le conflit. L’organisation estime que la fermeture de Forties prive le pays de 50 millions de livres (63 millions d’euros) de recettes pétrolières par jour. Ce conflit social tombe mal pour le Premier ministre Gordon Brown, dans la mesure où il risque d’alimenter le mécontentement de la population, à quelques jours d’élections locales à hauts risques jeudi. Mais malgré des appels de toute part à s’entendre, notamment du ministre chargé de l’Energie John Hutton, les deux parties ne donnaient pas de signes de réconciliation. Le syndicat Unite, à l’origine du mouvement, a publié lundi des encarts dans la presse écossaise pour défendre sa position. “Nos membres sont accusés d’être cupides et irresponsables”, mais “les employés de Grangemouth sont forcés de faire grève pour défendre leur plan de retraite, que leur riche employeur, Ineos, veut fermer”, a déclaré Phil McNulty, un des responsables du syndicat. Il a dénoncé vigoureusement les méthodes de gestion d’Ineos, une société non cotée, l’accusant de ne rendre des comptes qu’à ses banques et à son propriétaire Jim Ratcliffe, un multi-milliardaire très discret, à la tête de la dixième plus grosse fortune de Grande-Bretagne selon le Sunday Times. “Nous avons fait concession sur concession pour éviter une rupture des négociations”, a répliqué au micro de la BBC Tom Crotty, le directeur général d’Ineos, semblant rejeter entièrement la faute sur le syndicat. |
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