A la sauce Kechiche

Par : Autres

A la sauce Kechiche

Des “beurs ” à la sauce Kechiche,
Merci Ibtissem d’avoir parlé de ce film, je l’ai adoré, le titre m’a tout de
suite touché, réveillant en moi et avec douceur tous mes sens ; la chaleur
familiale des déjeuners dominicaux ; l’exhalaison épicée est bien
particulière du couscous au poisson ; l’équilibre esthétique de ce succulent
mets aux couleurs chatoyantes. Et ce fameux mulet, poisson aux innombrables
vertus nourricières et aux fabuleuses facultés d’acclimatation d’une mer à
l’autre. Ce film dépeint les souffrances, les joies, l’espoir,…. La vie
quoi, de deux générations d’immigrés ; les enfants, ces «beurs», dont les
racines ont pris dans un environnement qui est devenu le leur et la vieille
génération, qui, dans un dernier râle, refuse de s’avouer vaincue et cherche
à tout prix à s’intégrer dans une réalité, un monde où les cultures, les
traditions, les langues se sont croisées et métissées et pour donner à sa
descendance, naturelle et adoptive, une vie meilleure.
 

Slimane, le héros, est un homme
usé, fatigué qui cherche dans un dernier espoir de retrouver sa dignité de
patriarche et de léguer à ses deux familles un projet porteur.
 

Le génie de Kechiche est dans sa
façon bien à lui de faire accoucher ses acteurs ( pour la plupart des
amateurs) d’une interprétation criante de vérité et d’humanité, les gestes
du quotidien, des situations banales sont joués et filmés avec tant de
naturel qu’on croirait par moment regarder un documentaire.
 

Une félicitation toute
particulière à la toute jeune Hafsia Herzi, qui a bien mérité son César de
meilleur espoir féminin, et qui a pris une dizaine de kilos pour entrer dans
la peau de cette jeune maghrébine ; son interprétation est ingénieuse,
pétillante et si naturelle.
 

La scène finale met à nu cette
confrontation douce amère de ces gens du peuple, les immigrés vs les
notables, sceptiques de la réussite de Slimane… Comme la fin justifie les
moyens, Slimane et sa fille adoptive ont recours à leur force physique et à
la séduction charnelle pour arriver à leurs buts respectifs. Malgré cette
course inutile et cette danse du ventre interminable, la fin est
inéluctable.
 

Très beau film à voir d’autant
plus que “La graine et le mulet” a glané 5 Césars.
 

MD
 

 


Réaction à l’article :
Je suis allée voir la ‘’Graine et le Mulet’’

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