France : la croissance ralentit et l’inflation rogne le pouvoir d’achat

 
 
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Prévisions de croissance 1e et 2e trimestres (Insee) (Photo : null)

[21/03/2008 09:55:06] PARIS (AFP)
La croissance
française devrait légèrement ralentir au
premier semestre, freinée par la crise financière
mondiale et une forte inflation se maintenant autour de 3%
jusqu’à l’été, qui réduirait à peau
de chagrin la hausse du pouvoir d’achat des ménages,
selon l’Insee.

Dans sa note de conjoncture publiée vendredi, l’Institut
national de la statistique prévoit une progression du
produit intérieur brut (PIB) de 0,4% au premier
trimestre 2008 et de 0,3% au deuxième trimestre, soit
un acquis de croissance de 1,4%.

De son côté, l’OCDE a estimé jeudi que la
croissance française serait de 0,4% pour chacun de ces trimestres.

Dans l’hypothèse de l’Insee, pour atteindre les 2% de
croissance en 2008 sur lesquels le gouvernement tablait
jusqu’à présent, il faudrait une progression de
0,8% pour chacun des deux derniers trimestres de
l’année… une performance des plus improbables au vu
des mauvaises conditions économiques mondiales
suscitées par la crise financière.

La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, l’a d’ailleurs
reconnu jeudi: la France va prochainement réviser en
“légère baisse” sa prévision de
croissance pour 2008. Elle s’est refusée à donner
un chiffre, mais il est vraisemblable qu’elle soit de
l’ordre de 1,8%, après 1,9% l’an dernier.

Sur la base des prévisions de l’Insee, une croissance de
1,8% impliquerait une progression du PIB de 0,5% pour chacun
des deux derniers trimestres, soit le rythme de
croisière de l’économie française.

La Commission européenne table quant à elle sur
1,7% tandis que l’Unedic (assurance chômage) a retenu
cette semaine 1,6% pour son “scénario central”.

Dans un contexte international dégradé, le commerce
extérieur français pèserait de nouveau sur la
croissance au premier semestre, amputant
légèrement le PIB.

La baisse de l’activité et le resserrement des
conditions de crédit dans le monde freineraient
également l’investissement productif (+0,5% par
trimestre), deuxième pilier de la croissance. Selon
l’Insee, l’investissement des ménages en logement
stagnerait même durant tout le premier semestre.

La croissance française sera donc une fois encore
entraînée par son principal moteur, la
consommation des ménages, qui accuserait une très
légère baisse (un peu moins de 2% en rythme
annuel) mais résisterait malgré tout à
“une inflation robuste et soutenue” et à des
gains de pouvoir d’achat d’autant plus faibles.

Le pic d’inflation initialement prévu par l’Insee en
février à 3% devrait finalement intervenir en
mars, mais se maintiendrait à ce niveau jusqu’en juin.
L’inflation énergétique tendrait à se
modérer tout en restant élevée, avec un baril
de pétrole stabilisé autour de 95 dollars, mais
c’est surtout l’inflation alimentaire qui poursuivrait son envolée.

“Entre juillet 2007 et juin 2008, les prix alimentaires
contribueraient à l’inflation à hauteur de 1
point, dont 0,7 lié aux seuls prix des matières
premières agricoles”, explique Pierre-Olivier
Beffy, conjoncturiste à l’Insee. Par comparaison,
l’inflation énergétique serait de l’ordre de 0,6
point sur cette période.

“Cette hausse de l’inflation n’est pas une bonne nouvelle
pour les ménages, même si ceux-ci devraient
résister à l’érosion de leur pouvoir
d’achat”, poursuit-il.

Un “pouvoir d’achat atone”, certes soutenu par un
marché du travail dynamique (96.000 emplois
créés au premier semestre et un taux de
chômage stable à 7,5%) et “l’impact
favorable” du paquet fiscal voté l’été
dernier, mais qui ne progresserait que de 0,3% sur
l’ensemble du premier semestre.

En 2007, grâce notamment à une “forte baisse de
l’impôt sur le revenu” et à la faveur d’une
inflation modérée, il avait progressé de 3,1%.

 21/03/2008 09:55:06 – © 2008 AFP