Grande distribution : de 40.000 emplois perdus à 86.000 gagnés d’ici 2015

 
 
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Des caissières dans un hypermarché de la région lyonnaise (Photo : Jean-Philippe Ksiazek)

[07/03/2008 18:05:00] PARIS (AFP) Les grandes surfaces en France risquent de perdre près de 40.000 emplois d’ici 2015, soit 6,3% de leurs effectifs, ou au contraire d’en gagner 36.000, voire 86.000, selon une étude commandée par le patronat du secteur et dont l’AFP s’est procuré les premières conclusions.

D’après le scénario le plus pessimiste, qui suppose une “stagnation du pouvoir d’achat global” et une “réforme du cadre réglementaire dans le sens d’une intensification de la concurrence par les prix”, les effectifs passeraient de 636.000 actuellement à 596.000 en 2015.

“Des transferts importants de parts de marchés” se feraient “vers le hard-discount”. Les “maxidiscomptes” verraient leurs effectifs progresser de 18.000 emplois, tandis que les grandes surfaces alimentaires traditionnelles (hypermarchés et supermarchés) en perdraient 50.000 et le commerce de gros 7.000.

Par métiers, les caissières des grandes surfaces, touchées par la multiplication des nouvelles technologies (caisses automatiques notamment), passeraient de 121.000 en 2005 à 81.000 en 2015 et les employés commerciaux de 209.000 à 198.000.

Selon un scénario moyen, avec la fin du développement massif des points de vente sur le territoire, la grande distribution gagnerait 36.000 emplois. Le nombre de caissières dans les grandes surfaces traditionnelles serait cependant en régression de 6.000 emplois.

Selon un dernier scénario, le plus optimiste, en cas d’amélioration de la conjoncture macroéconomique et d’un nouveau cadre réglementaire favorisant la création de commerces de proximité, le secteur gagnerait 86.000 emplois, dont 10.000 au profit des caissières.

La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD, patronat), souhaitant “anticiper les évolutions en termes d’emploi”, avait commandé cette étude il y a deux ans au Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) et au cabinet Geste.

En effet, après une progression de l’emploi depuis le début des années 90 (190.000 créations nettes d’emplois de 1992 à 2005), la grande distribution, connue pour ses temps partiels (37%) et sa forte rotation du personnel, a connu un ralentissement dans les années récentes.

Le ministère de l’Emploi a suivi l’évolution de ces travaux, ainsi que les syndicats qui ont débuté jeudi avec le patronat des négociations sur la gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) devant se terminer en septembre.

Le gouvernement envisage au printemps une réforme de la loi Raffarin, qui assouplirait les conditions pour des implantations commerciales. L’installation de davantage d’enseignes serait synonyme de pressions à la baisse sur les prix et sur les coûts fixes.

“La guerre des prix est le scénario le plus probable”, craignent plusieurs sources syndicales. A l’inverse, la FCD a déclaré vendredi dans un communiqué “que l’étude de différentes hypothèses d’étude ne tient pas lieu de prévision”, ajoutant que “les perspectives” restent “une création nette d’emplois”.

Jeudi, CGT et CFDT ont demandé la nomination d’un expert et ils souhaitent “se laisser du temps” pour aboutir à un éventuel accord de branche sur la GPEC.

Après la journée de grève du 1er février pour le pouvoir d’achat et les conditions de travail, les deux syndicats, sur leur faim, ont appelé à de nouvelles actions lors du week-end de Pâques.

 07/03/2008 18:05:00 – © 2008 AFP