Le site Drudge Report, enfant terrible du paysage médiatique américain

 
 
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La photo du candidat démocrate pour la présidentielle américaine Barack Obama en costume traditionnel africain, sur le site Drudge Report (Photo : Nicholas Kamm)

[01/03/2008 10:17:42] NEW YORK (AFP) Le site Drudge Report, enfant terrible du paysage médiatique américain, a sévi une nouvelle fois en révélant au monde entier la présence en Afghanistan du prince Harry.

Drudge Report avait fait irruption dans le monde de l’information en 1998 en lançant le scandale Monica Lewinsky, du nom d’une stagiaire de la Maison Blanche avec laquelle l’ancien président Bill Clinton avait eu une relation extra-conjugale qui avait failli lui coûter la présidence.

Dix ans après, le site est tout-puissant aux Etats-Unis, où il est un creuset où atterrissent toutes sortes de rumeurs, de “scoops” mais aussi d’informations douteuses ou non vérifiées.

La photo du candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine Barack Obama en costume traditionnel africain cette semaine a précédé de peu la diffusion en exclusivité d’un article d’un journal australien passé inaperçu et qui signalait la présence en Afghanistan parmi les troupes britanniques du prince Harry, fils cadet du prince Charles et petit-fils de la reine d’Angleterre Elizabeth II.

Oeuvre de Matt Drudge, un ex-employé de supermarché devenu “le journaliste le plus influent des Etats-Unis” selon le commentateur politique conservateur Pat Buchanan, Drudge Report revendique actuellement 5 milliards de consultations par an, et plus de 20 millions durant les dernières 24 heures avec l’affaire du prince Harry.

L’histoire a commencé en 1994 avec des courriels que Matt Drudge envoyait à ses amis. Deux ans plus tard la correspondance se transformait en une “lettre d’informations” qui des potins sur les célébrités est passée progressivement à des révélations politiques.

En 1996, Drudge Report révélait que Jack Kemp allait être sur le “ticket” du candidat républicain à la Maison Blanche Bob Dole.

Deux ans après arrivaient le scandale Lewinsky et la notoriété mondiale.

L’hebdomadaire Newsweek était en train de préparer un dossier sur la relation extra-conjugale de Bill Clinton mais souhaitait vérifier certains détails avant sa publication, mais une fuite permit à Drudge de devancer le journal.

Considéré à ses débuts comme un tissu de rumeurs, Drudge a gagné le respect. Politiciens, journalistes ou hommes d’affaires le consultent pour se tenir au courant des dernières actualités piquantes.

Matt Drudge se qualifie de “conservateur” indépendant, adversaire de l’avortement et proche d’une idéologie populiste, pas nécessairement alignée avec les thèses du parti républicain.

Les conservateurs l’apprécient et les démocrates, après l’avoir détesté, se sont résignés et essayent de ne pas devenir la cible de ses attaques.

Selon les journalistes Mark Halperin (Time) et John Harris (Politico), auteurs d’un livre sur la course à la Maison Blanche de 2008, Drudge est le “Walter Cronkite de son époque”, en référence à l’ancien présentateur vedette de la chaine CBS, considéré comme le journaliste le plus influent des années 60 et 70.

Mais Drudge Report publie aussi des informations fausses ou jamais vérifiées.

Parmi les moments les moins glorieux figurent les “révélations” sur un fils supposé de Bill Clinton avec une femme noire ou une aventure extra-conjugale du candidat démocrate John Kerry en 2004, ensuite démenties.

Agé de 41 ans, il vit à Miami d’où il alimente son site, dont la présentation austère n’a pratiquement pas changé en une décennie, et comporte de nombreux liens vers les sites des principaux médias.

Matt Drudge n’aime pas être qualifié de “blogueur” et le terme n’existait pas lorsque commença son aventure, mais il croit que tout citoyen a la capacité d’être un reporter.

Il y a deux ans, Drudge avait déclaré qu’il gagnait plus d’un million de dollars par an, principalement grâce à la publicité.

 01/03/2008 10:17:42 – © 2008 AFP