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    Les conclusions du dernier rapport de la Banque mondiale, intitulé ‘’TheRoad Not Traveled: Education Reform in the Middle East and North Africa’’
 (ou en français ‘’L’autre voie : Réforme de l’éducation au Moyen-Orient et
 en Afrique du Nord’’ sont quelque peu surprenantes, vu le classement de
 certains pays. Mais il serait important voire vital d’accorder la plus
 grande attention à ce rapport. Et pour cause…
 
      
    Au prime abord, les experts de la Banque suggèrent aux pays d la régionMoyen-Orient et d’Afrique du Nord d’effectuer une refonte de leurs systèmes
 éducatifs ‘’s’ils veulent répondre aux demandes d’un monde de plus en plus
 concurrentiel et réaliser le potentiel d’une population jeune dont les
 effectifs importants ne font qu’augmenter’’.
 
      
Il faut dire que le rapport présente une analyse économique exhaustive del’impact des investissements pour l’éducation dans cette région, ainsi que
 les changements démographiques, la mondialisation, la migration de la
 main-d’œuvre et le rôle du marché du travail. Voilà là où les conclusions du
 rapport nous surprennent, quand on sait que la Tunisie, par exemple,
 consacre une enveloppe substantielle à l’éducation. C’est peut-être aussi
 parce que, comme l’a souligné Marwan Muasher, vice-président senior de la
 Banque mondiale chargé des Affaires extérieures, «la qualité de
 l’enseignement dans la région n’a pas suivi l’évolution des besoins de
 l’économie. Les systèmes éducatifs ne permettent pas suffisamment aux filles
 et aux garçons de développer des capacités d’analyse, de résolution de
 problèmes, de réflexion critique et d’innovation. Aujourd’hui, il importe
 d’accorder à ces compétences au moins autant d’importance, sinon plus,
 qu’aux taux d’analphabétisme et de scolarisation».
 
      
    C’est pour cette raison que les experts de la banque qui se sont penchés surla question recommandent aux pays de la région de progresser dans trois
 domaines. D’abord, ils soulignent la nécessité (pour ces pays) de
 privilégier les «résultats» et les partenariats avec les parties prenantes
 et non plus les bâtiments et les «intrants» matériels ; ensuite, ils
 estiment nécessaire de transformer les modes de gestion pour fournir des
 incitations visant à encourager les prestataires de services éducatifs à
 être plus performants et réactifs ; enfin, les experts de la Banque
 conseillent aux pouvoirs publics des différents de la région de passer d’un
 mode de responsabilisation envers l’État à un mode de responsabilisation
 envers le public pour s’assurer que l’éducation, en tant que bien collectif,
 touche le plus grand nombre de citoyens.
 
      
    Pour sa part, Mme Daniela Gressani, Vice-présidente de la Banque mondialepour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, insiste sur «l’importance
 cruciale du rôle que joue l’éducation dans la détermination des opportunités
 offertes aux jeunes dans la région MENA et la volonté politique manifeste de
 mieux orienter l’enseignement pour répondre aux besoins de l’économie
 actuelle, sont largement reconnues. Il est urgent de mener la réforme de
 l’éducation pour pouvoir relever les défis que posent le chômage et
 l’intégration dans l’économie mondiale».
 
      
    Cette étude a montré que le Maroc a le taux le moins élevé des chômeursdiplômés, soit 29,6%, alors le taux de chômage général n’est que de 9,8%,
 soit le taux le plus réduit du monde arabe !
 
      
    A titre de comparaison, voici quelques chiffres concernant certains paysarabes :
 
      
    Les diplômés chômeurs en % du nombre total des chômeurs 
      
| Pays | pourcentage |  
| Maroc | 29,6% |  
| Algérie | 37,8% |  
| Oman | 39,7% |  
| Tunisie | 42,5% |  
| Jordanie | 43,6% |  
| Bahreïn | 59% |  
| Egypte | 80% |  
      
    Pour certains analystes, cela traduit une insuffisance des mesures prisesdans le système éducatif pour permettre aux jeunes d’accéder au monde du
 travail, bien qu’un pays comme la Tunisie effectue des investissements
 massifs dans le système éducatif avec plus de 20% du budget de l’Etat, soit
 l’équivalent de 5% du PIB annuel. Entendre par-là que la stratégie de notre
 pays vise la quantité, avec plus de moyens que les pays de l’Asie de l’Est
 ou l’Amérique Latine, mais pas la qualité au niveau des incitations,
 programmes, enseignants ou infrastructures. ; Avec beaucoup de déchets, des
 échecs en cours de route, et surtout un taux de chômage anormal pour les
 diplômés du supérieur, dû à l’inadéquation entre la formation et le marché
 de l’emploi et les besoins de l’économie.
 
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