Axel Springer paye très cher son incursion dans le monde de la poste

 
 
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Mathias Doepfner, PDG d’Axel Springer, le 19 avril April 2007 in Berlin. (Photo : Marcus Brandt)

[20/12/2007 13:19:52] BERLIN (AFP) L’éditeur allemand Axel Springer va payer très cher son incursion éclair dans le monde de la poste, alors que la société de services postaux Pin Group, dont il a pris le contrôle l’été dernier, se débat désormais au bord de la faillite.

Axel Springer a annoncé mercredi qu’il devra déprécier d’au moins 620 millions d’euros dans ses comptes la valeur de sa filiale, dont il n’avait acquis la majorité que l’été dernier, déboursant pour cela plus d’un demi-milliard d’euros.

Le puissant éditeur a fait savoir que Pin Group, entreprise de 9.000 salariés dont il détient environ 65%, serait décrit dans son bilan financier comme une “activité non poursuivie.”

Axel Springer a rejeté les plans de sauvetage proposés par le patron sortant de Pin Group, Günther Thiel, qui proposait de racheter l’entreprise.

L’éditeur, catégorique, a assuré qu’il “était apparu clairement que les actionnaires n’avaient aucun concept financier solide pour assurer la survie de Pin Group.”

M. Thiel avait annoncé mardi sa démission. Le conseil d’administration lui a choisi mercredi comme successeur un expert des faillites, l’avocat Horst Piepenburg.

Ce dernier avait notamment participé à la retentissante liquidation du fabricant de machines-outils Babcok Borsig, en 2002. Il sera assisté par Hans-Joachim Ziems, qui avait lui géré le dépôt de bilan de l’empire médiatique Kirch.

L’éditeur des quotidiens Die Welt et Bild avait décidé la semaine dernière de couper les vivres à sa filiale, se justifiant par l’instauration imminente d’un salaire minimum dans les services postaux en Allemagne.

Ce salaire d’entre 8 et 9,80 euros, bien plus élevé que la rémunération des salariés de Pin Group, 7,50 euros de l’heure en moyenne, empêche selon Axel Springer de faire sérieusement concurrence à l’ancien monopole public Deutsche Post.

Une position aussi soutenue mercredi par les actionnaires minoritaires de Pin Group, les éditeurs WAZ, Madsack, Holtzbrinck et l’entreprise West Mail, qui ont assuré dans un communiqué commun que “l’écrasante responsabilité de l’évolution dramatique de Pin Group revient au gouvernement et à son salaire minimum.”

L’argument ne convainc pas tout le monde en Allemagne: Axel Springer a été accusé à plusieurs reprises de se servir de ce prétexte pour lâcher une filiale chroniquement déficitaire, mal positionnée face à la concurrence.

La perspective d’une libéralisation totale du marché postal allemand le 1er janvier prochain a aiguisé les appétits en Allemagne, où quelques 750 entreprises privées luttent pour rogner des parts de marché à Deutsche Post.

Celui-ci va perdre dans quelques jours son dernier privilège: le monopole sur la distribution de lettres de 50 grammes, qui lui apporte 20% de son chiffre d’affaires.

Mais si le débat récemment s’est focalisé sur ce dernier point, en réalité une part de près de 80% du marché postal allemand, dont la valeur totale approche 24 milliards d’euros, est déjà ouverte à la concurrence, selon le dernier pointage de l’Autorité allemande des réseaux.

L’expédition de colis, de courriers express, de lettres accompagnées de suivi de courrier, ou encore les envois en masse, publicitaires notamment, échappent au monopole.

Les Allemands sont déjà habitués à voir des facteurs aux couleurs oranger du néerlandais TNT, l’autre grand acteur privé, ou vertes de Pin Group sillonner les rues à vélo.

Mais le marché a beau être prometteur, il n’y aura pas de place pour tout le monde et les experts prédisent une consolidation massive, dont Pin Group pourrait bien être la première victime.

 20/12/2007 13:19:52 – © 2007 AFP