Le gouvernement Merkel bloque toujours sur le thème du salaire minimum

 
 
CPS.HKU18.190907173311.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Une boîte aux lettres de Deutsche Post à Berlin (Photo : John Macdougall)

[19/09/2007 15:40:34] FRANCFORT (AFP) Le gouvernement allemand a accouché dans la douleur mercredi d’un projet de loi timide sur un salaire minimum dans les services postaux, de mauvais augure pour les partisans de l’instauration d’un “Smic” légal et généralisé, étranger à la tradition sociale allemande.

Les ministres de la grande coalition (sociaux-démocrates et conservateurs) n’ont réussi à se mettre d’accord que sur un texte très allégé, selon les détails donnés par le porte-parole du gouvernement, Ulrich Wilhelm.

M. Wilhelm a souligné que ce fameux salaire minimum concernait la distribution de courrier” mais que celle de “colis et de journaux n’était pas concernée.”

Mais surtout, ce projet ne contient aucun chiffre.

Le porte-parole du gouvernement a pris soin d’indiquer qu’un accord déjà trouvé entre la poste semi-publique Deutsche Post et le syndicat Verdi ne serait pas “automatiquement” imposé à toute la branche.

Cet accord prévoit de payer les facteurs 9,8 euros l’heure à l’ouest de l’Allemagne et 9 euros à l’Est.

Il est cependant contesté par de petits prestataires de services postaux, qui comptent sur leurs faibles coûts salariaux pour concurrencer durement Deutsche Post l’an prochain, une fois libéralisé le marché postal allemand.

Le patronat allemand quant à lui tire à boulets rouges sur le projet de loi: “le salaire minimum est une idée idiote et extrêmement nocive”, a dit le patron des Chambres de commerce et d’industrie, Ludwig Georg Braun, au journal Ruhr Nachrichten.

Et de dévoiler le réel motif d’inquiétude des employeurs allemands: un salaire minimum pour les facteurs ne doit pas être “une porte d’entrée pour d’autres branches”, a déclaré M. Braun.

Le compromis mou trouvé pour la poste illustre à quel point le sujet d’une régulation des salaires par voie légale reste sensible en Allemagne, où l’Etat se tient traditionnellement à l’écart du monde du travail.

Dans le modèle social allemand, temps de travail ou salaires sont réglés par le patronat et les syndicats, selon le principe de la cogestion.

Mais ce modèle historique vacille, sur fond de déclin des grands syndicats, et de multiplication des petits boulots précaires et mal payés, dans la restauration ou la distribution, pouvant descendre sous les 5 euros de l’heure.

Au point que de plus en plus de voix se font entendre pour l’instauration d’un salaire minimum obligatoire et généralisé, afin de ne pas assister à une explosion du nombre de “travailleurs pauvres.” Le syndicat Verdi réclame ainsi de le fixer à au moins 7,5 euros l’heure.

Six branches économiques en Allemagne ont adopté des salaires minimum, négociés par les partenaires sociaux, ce qui concerne environ 1,4 million de salariés selon l’institut de recherche Hans Böckler Stiftung. Avec des salaires allant de plus de 12 euros de l’heure (techniciens dans le bâtiment en Allemagne de l’Ouest) à 6 euros (laveur de carreau à l’Est).

Rien à voir avec un salaire minimum unique, légal et généralisé, à l’instar du “Smic” français, comme le voudrait par exemple le vice-chancelier allemand Franz Müntefering.

Ce social-démocrate, aussi ministre du Travail, a cependant totalement échoué en juin dernier à faire adopter un tel projet par le gouvernement, faisant face en particulier à l’hostilité de la chancelière conservatrice Angela Merkel.

Les sociaux-démocrates comptent désormais faire du salaire minimum un des thèmes de campagne pour les élections législatives de 2009, encouragés par des sondages qui estiment à plus de 60% la proportion d’Allemands favorables à une telle mesure.

 19/09/2007 15:40:34 – © 2007 AFP