Conseil national de l’UTICA : Pour une mobilisation générale contre le chômage

Sous le thème ‘‘Déterminés à assurer le succès de la campagne de l’emploi
des diplômés du supérieur’’, s’est tenue aujourd’hui matin (12 juin 2007) à
Tunis la réunion périodique du Conseil national de l’UTICA (Union tunisienne
de l’industrie, du commerce et de l’artisanat) sous la présidence de M. Hédi
Djilani, patron de la centrale patronale, qui a brossé un tableau de la
conjoncture économique internationale et nationale, présenté les défis à
devoir relever par la Tunisie, et axé son intervention sur la responsabilité
incombant aux hommes d’affaires et chefs d’entreprise de mener de front la
guerre contre le chômage en général, et pour l’emploi des diplômés du
supérieur en particulier.

Après un rappel succinct des incidences sur l’économie mondiale des
événements du 11 septembre 2001, de l’entrée de la Chine («ce gros
consommateur de matières premières») au sein de l’OMC, des hausses
vertigineuses du prix du pétrole, des conditions climatiques peu favorables
qu’a dû connaître la Tunisie en 2002-2003, et de fin, au cours du 10ème
Plan, des Accords multifibres, le conférencier s’est dit rassuré quant à la
faculté qu’a eue le pays de surpasser tant de circonstances difficiles, et
même d’envisager, selon une stratégie ambitieuse mais clairvoyante, son
avenir avec assurance et confiance.

Cette stratégie, qui vise le développement de l’investissement, des
exportations, l’emploi et le développement régional, s’est exprimée par la
libéralisation de l’économie, laquelle, pour s’assumer,
a misé sur la mise à niveau de l’entreprise
économique et le label de la qualité, le but étant évidemment de réussir son
intégration dans l’économie mondiale ; d’ailleurs, une des dernières
recommandations du Chef de l’Etat a porté récemment sur l’impératif de la
mise à niveau du secteur des services.

Ce plan de développement tous azimuts n’a pas tardé à donner ses fruits
étant donné le volume des IDE enregistré ces dernières années, et même les
opérations d’investissement à l’étranger, certaines entreprises tunisiennes
ayant réussi leur implantation à l’extérieur du pays et maîtrisé les canaux
de distribution.

Aussi, le 11ème Plan (2007-2011) ambitionne-t-il une croissance économique
de 6,1%, une évolution des investissements de 8,3%, et celle des
exportations de 6%. Pour ce faire, et dans un souci d’aplanir le plus
d’obstacles devant les employeurs, deux autres mesures ont été prises, à
savoir l’amnistie fiscale et la sécurité sociale qui ont permis aux chefs
d’entreprise des sursis raisonnables pour s’en acquitter. Or, la question
d’à présent –et le centre d’intérêt du Conseil national de ce mardi 12 juin–
est liée à l’emploi des diplômés du supérieur. Et pour cause : les étudiants
sont aujourd’hui au nombre de 350 mille, et ils seront 492 mille en 2011,
sachant qu’en 2006 les diplômés du supérieur étaient à concurrence de 53% de
l’ensemble des demandeurs d’emploi. C’est tout dire.

Une situation d’autant plus inquiétante que c’est le secteur privé lui-même
qui souhaite voir l’Etat se désengager de plus en plus de certains secteurs
d’activité ; il se trouve justement que 60% des investissements sont
consentis au privé.

 

Usant de tout son art de persuasion, M. Hédi Djilani s’interroge tout haut :
«Si d’une part l’Etat se désengage, et que de l’autre le secteur privé ferme
les yeux sur la problématique de l’emploi, qui donc, demain, va employer nos
enfants pourtant diplômés du supérieur ?!…». Rappelant qu’en ce mois même
de juin 2007, quelque 58 mille nouveaux diplômés du supérieur vont devoir
briguer un poste dans le marché de l’emploi, le patron de l’UTICA a appelé,
non sans insistance, les chefs d’entreprise et les hommes d’affaires à
braver le fléau du chômage avec un sentiment de responsabilité, de
patriotisme et d’humanisme, car «le chômage risque de phagocyter nos acquis.
Il faudra que demain, nul diplômé du supérieur soit dans la rue», a-t-il
clamé.