A Kazan, la Berd fait fi des tensions russo-européennes et avance vers l’Est

 
 
SGE.FBH54.200507145910.photo00.quicklook.default-161x245.jpg
Vue extérieure du 14 avril 1993, de la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) basée à Londres. (Photo : David Janin)

[20/05/2007 15:00:03] KAZAN (AFP) La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) se réunit dimanche et lundi en Russie pour la première fois depuis 13 ans, illustrant ainsi sa détermination à pousser ses pions vers des régions plus reculées pour épauler leur “transition” vers l’économie de marché.

La banque, créée en 1991 pour soutenir les ex-pays communistes, traduit ainsi en faits la réorientation vers l’est et le sud annoncée il y a un an, sans se préoccuper des tensions politiques qui opposent actuellement l’Europe à la Russie.

Kazan, la capitale du Tatarstan, une république de la Fédération de Russie située à environ 800 kilomètres à l’est de Moscou, a tout du “symbole”, a souligné le président de la Berd, Jean Lemierre, lors de son discours d’ouverture.

L’une des villes les plus anciennes du pays (elle a fêté ses 1000 ans d’existence en 2005) et, peuplée à la fois de Tatars musulmans et de Russes, elle est aussi à la tête d’une région importante dans les hydrocarbures et dans l’industrie.

La banque avait annoncé lors de son assemblée annuelle 2006 à Londres son retrait progressif d’ici à 2010 des huit pays de l’Union européenne qu’elle a contribué à amener à l’économie de marché depuis 1991. La République tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Slovaquie et la Slovénie sont de son point de vue sortis d’affaire.

Et l’essentiel des discussions programmées lors du forum économique qui accompagne l’assemblée de la Berd est consacré à la Russie.

Le ministre russe du Développement économique, Guerman Gref, a longuement vanté les prouesses de son pays, dont le rythme de croissance des sept dernières années ne le cède que devant ceux de la Chine et de l’Inde, avec un taux moyen de 6,8%.

“La Russie est venue totalement à bout en 2006 du déclin économique des années 90: c’était un déclin très grave qui menaçait de se transformer en abysse”, a-t-il souligné, appelant à de nouveaux investissements.

La Russie est la principale bénéficiaire du redéploiement de la Berd, même si cette dernière a récemment admis la Mongolie et le Monténégro dans sa liste, qui comprend désormais 29 pays.

La banque a consacré 38% de ses investissements en 2006 à la Russie (soit 1,9 milliard d’euros), contre seulement 26% l’année précédente. Les trois quarts ont été consacrés à des projets hors de Moscou et de Saint-Pétersbourg.

La Berd, forte de ses succès économiques en Europe centrale, roule littéralement sur l’or. Mais les questions relatives au budget de l’institution ne semblent pas encore entièrement réglées.

Les actionnaires de la banque (soit 61 pays et deux institutions internationales) doivent examiner dimanche la question de la répartition de son bénéfice record (2,4 milliards d’euros en 2006), et trancher lundi par vote, a indiqué M. Lemierre.

M. Gref a plaidé dans son discours pour une “révision des pratiques dépassées” et notamment la “notion de croissance zéro du budget”, ainsi qu’un renforcement des effectifs de la banque. “Il faut envisager une manière plus créative de disposer des bénéfices”, a-t-il insisté.

Le ministre s’est aussi saisi de l’occasion pour envoyer un avertissement voilé aux partenaires européens de la Russie, déclarant que “les négociations pour un nouvel accord avec l’Union européenne (débuteront) après notre entrée à l’OMC”.

Cette déclaration intervient à peine quelques jours après un sommet UE-Russie qui n’a pas permis de relancer les négociations pour un nouveau partenariat UE-Russie, et alors que le processus d’entrée de la Russie dans l’OMC traîne en longueur.

 20/05/2007 15:00:03 – © 2007 AFP