Le canadien Magna, qui miroite Chrysler, s’allie à un oligarque russe

 
 
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Le milliardaire russe Oleg Deripaska le 9 octobre 2006 à Moscou (Photo : Alexander Nemenov)

[10/05/2007 21:28:05] MONTREAL (AFP) Le milliardaire russe Oleg Deripaska va entrer dans le capital de l’équipementier automobile canadien Magna, au moment où ce dernier lorgne le constructeur américain en difficulté Chrysler.

La société holding de M. Deripaska, Basic Element, va acquérir une participation d’une valeur de 1,54 milliard de dollars américains représentant 20 millions d’actions du groupe.

Le groupe russe devrait détenir autour de 15% de Magna International, qui reste cotée à la Bourse de Toronto, à l’issue de l’opération. L’action Magna a bondi jusqu’à 14% à l’ouverture de la Bourse de Toronto jeudi, avant de réduire un peu ses gains à quelque 7% à la clôture.

Le conglomérat Basic Element, qui s’appelait jusqu’en 2001 Sibirsky Aluminium, emploie 240.000 personnes pour un chiffre d’affaires consolidé en 2006 de 18 milliards de dollars. Il réalise cette acquisition via sa filiale Russian Machines, qui détient notamment une participation dans le numéro deux russe des composants automobiles GAZ.

Cette alliance doit permettre à Magna “de profiter des opportunités de croissance du marché automobile russe” qui est “l’un de ceux qui progresse le plus au monde”, indique un communiqué des deux partenaires. L’an dernier, deux millions de voitures ont été vendues en Russie, une progression de 20% sur un an.

Pour l’équipementier canadien, le renfort russe arrive à point nommé. Magna, allié à une société d’investissement canadienne, Onex, est sur les rangs pour prendre une participation dans le constructeur automobile américain en difficulté Chrysler.

Cet accord pourrait fournir au PDG de Magna Frank Stronach “une plateforme créative pour réaliser son intérêt dans Chrysler”, estime l’analyste Himanshu Patel, de chez J.P Morgan Securities.

Chrysler pourrait être acquis par Newco, la holding contrôlée par MM. Stronach et Deripaska, et non par Magna directement, ce qui aurait notamment pour avantage de “diminuer les risques d’irriter” les autres clients de l’équipementier canadien, comme General Motors ou Ford, souligne-t-il dans une note aux marchés.

Le patron de Magna a confirmé mercredi son intérêt pour Chrysler, l’un de ses principaux clients.

“Bien sûr nous nous intéressons à Chrysler (…) mais il y a d’autres candidats. Nous devons suivre certaines procédures et dans les prochaines semaines nous espérons pouvoir jouer un rôle constructif dans l’avenir de Chrysler”, a déclaré Frank Stronach à la chaîne publique CBC.

Le quotidien The Globe and Mail évoque de son côté un scénario selon lequel Magna et Onex prendraient chacun une participation de 40% dans une holding où la maison mère de Chrysler, le groupe allemand DaimlerChrysler, qui cherche à se désengager, conserverait une part de 20%.

Deux fonds d’investissements, Cerberus Capital et Blackstone, pourraient aussi faire une offre sur Chrysler, selon des informations de presse.

L’hebdomadaire spécialisé Automobilwochele écrivait toutefois samedi que Magna est le seul “candidat sérieux” en lice.

Des entreprises russes, portées par une forte croissance économique du pays et par la flambée ces dernières années des cours des hydrocarbures et des matières premières, dont le sous-sol russe est très riche, multiplient les achats à l’étranger.

La montée de l’oligarque Oleg Deripaska au capital de Magna fournit un nouvel exemple.

Début avril la direction du groupe automobile germano-américain DaimlerChrysler, avait annoncer mener des discussions avec des racheteurs potentiels pour sa filiale américaine en difficultés Chrysler.

 10/05/2007 21:28:05 – © 2007 AFP