Tour de vis éthique pour le placement des pétro-dollars norvégiens

 
 
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Une plate-forme pétrolière norvégienne (Photo : Marcel Mochet)

[13/04/2007 14:11:47] OSLO (AFP) L’opulente Norvège va durcir les lignes éthiques régissant les placements de son fonds de pension public, un énorme bas de laine alimenté par les recettes pétrolières, dans le but déclaré de rendre le monde meilleur.

Déjà sourcilleux concernant les agissements des 3.400 sociétés dans lesquelles il a une participation, le pays scandinave, troisième exportateur mondial d’or noir, a annoncé vendredi qu’il s’interdirait désormais d’acheter des obligations émises par les Etats “parias”, à commencer par la Birmanie.

“Nous voulons utiliser notre fonds pour influencer le monde à s’engager sur une voie meilleure”, a affirmé la ministre des Finances Kristin Halvorsen en présentant un Livre blanc sur l’un des fonds de pension les mieux dotés de la planète.

“A l’ère de la mondialisation, les participations financières sont la clé du pouvoir et de l’influence”, a estimé la ministre issue des rangs de la Gauche socialiste.

Recueillant depuis une quinzaine d’années la quasi-totalité des revenus pétroliers de l’Etat et ayant investi en actions et obligations internationales, le fonds norvégien a vu sa valeur atteindre 1.891 milliards de couronnes (236 milliards d’euros) fin 2006.

Un chiffre qui approchera 5.000 milliards de couronnes dans dix ans selon les pronostics officiels, et qui donne d’autant plus de poids aux récriminations morales du gouvernement.

Selon les lignes éthiques existantes, le fonds ne peut être placé dans les fabricants d’armes “particulièrement inhumaines” (armements chimiques, nucléaires ou biologiques, mines antipersonnel) et dans les groupes coupables de violer les droits de l’Homme, de corruption ou de dégradation de l’environnement à grande échelle.

De Boeing à EADS, de Thales à Wal-Mart, à ce jour, 22 entreprises en ont fait les frais, la dernière en date étant le groupe minier sud-africain DRD Gold dont l’exclusion a été annoncée mercredi pour des motifs environnementaux.

Dans la pratique, les agissements d’un groupe suspect sont passés à la loupe par un Conseil éthique qui remet ensuite un avis consultatif au gouvernement, lequel choisit ou non de donner à la Banque centrale norvégienne, gestionnaire du fonds, l’instruction de vendre sa participation financière.

Après quoi, la décision de retrait est rendue publique, plaçant l’entreprise visée sous la menace d’un “effet dominos” parmi les autres investisseurs.

Mesure la plus spectaculaire, l’exclusion n’est que l’arme ultime, a toutefois rappelé Mme Halvorsen vendredi.

“Nous pouvons, de l’intérieur, inciter les entreprises à modifier leur comportement (…) en usant de notre droit de vote, en prenant directement contact avec leurs instances dirigeantes, en accordant nos violons avec d’autres investisseurs (…) et en entrant en contact avec les autorités de contrôle”, a-t-elle dit.

Outre un volontarisme accru en matière de bonne gouvernance des entreprises, le Livre blanc prévoit que les pays cibles de sanctions imposées par l’Onu ou d’autres initiatives internationales appuyées par la Norvège soient dorénavant exclus de l'”univers d’investissement” du fonds.

Premier pays à être placé sur la liste noire, la Birmanie, dirigée par une junte militaire depuis plusieurs décennies.

“L’UE a imposé des sanctions contre la Birmanie et les obligations d’Etat émises par la Birmanie seront par conséquent exclues”, a expliqué Mme Halvorsen, indiquant que “d’autres pays” pourraient être concernés.

 13/04/2007 14:11:47 – © 2007 AFP