L’économie en meilleure forme que prévu en 2006 mais sans étincelles

 
 
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La croissance du PIB français

[30/03/2007 11:48:02] PARIS (AFP) Croissance, déficits publics, dette, chômage: l’Insee a publié vendredi une dernière photo économique de la France en 2006 plus souriante que prévu à trois semaines du premier tour de la présidentielle, sans toutefois susciter l’enthousiasme des analystes.

Grâce à un quatrième trimestre dynamique, la croissance a finalement atteint 2,1% au lieu de 2% annoncé précédemment et le chômage a diminué à 8,4% de la population active, son plus bas niveau en 24 ans.

Le déficit public est le plus faible depuis 2001 à 2,5%, confortablement dans les clous imposés par le Pacte de stabilité et de croissance européen, qui fixe un plafond à 3%.

Sans compter le taux d’endettement public, qui a diminué de 2,3 points en un an, alors que le gouvernement espérait un recul de 2 points. De quoi réjouir le ministre de l’Economie, Thierry Breton, qui a salué un “résultat historique”, cette baisse étant “la plus importante enregistrée au cours des trente dernières années en France”.

Le taux d’endettement a été réduit à 63,9% du produit intérieur brut contre 66,2% en 2005. Il reste pourtant au-dessus du niveau de 60% maximum imposé par l’Europe et est bien supérieur aux 56,3% affichés fin 2001.

“On peut en particulier se réjouir du fait que le gouvernement ait cédé un certain nombre d’actifs immobiliers au plus haut de la bulle”, note Nicolas Bouzou, du cabinet d’analyses Asterès, pour qui “l’Etat a confirmé qu’il était un spéculateur de premier ordre”.

Mais, avertit cet analyste, “si l’on veut aller plus loin pour maintenir un déficit public qui oscille entre 2 et 2,5% du PIB, même quand la croissance économique ralentit, on n’échappera pas à une réforme structurelle de l’Etat”.

La réduction du déficit public a profité du dynamisme des impôts et cotisations sociales: du coup, elle s’est accompagnée d’une hausse du taux de prélèvements obligatoires, qui a atteint 44,4% du produit intérieur brut contre 43,8% l’année précédente.

Quant à la croissance, en affichant finalement 2,1% en 2006, elle reste dans le bas de la fourchette de prévision du gouvernement (2 à 2,5%), et à la traîne de la croissance dans la zone euro dans son ensemble (2,7%).

Au fond, la croissance “peut être jugée satisfaisante mais est très loin d’être exceptionnelle”, selon Alexander Law, du cabinet Xerfi, qui rappelle à quel point elle est dépendante de la consommation, elle-même soutenue par un bond de 2,8% du pouvoir d’achat des ménages en 2006.

La baisse du chômage est plus spectaculaire mais sujette à caution. Selon les chiffres du ministère de l’Emploi, il a diminué de 1% en février, ramenant le nombre de demandeurs d’emploi à 2,06 millions et le taux de chômage à 8,4%.

Pourtant, l’Insee a décidé d’attendre l’automne et les résultats exhaustifs d’une enquête qu’elle publie normalement en mars pour réviser et consolider ses chiffres, suscitant la polémique en pleine campagne.

Et, comme pour mettre de l’huile sur le feu, l’office statistique européen Eurostat a corrigé vendredi en hausse les chiffres du chômage français, estimant que son taux n’était pas de 8,4% mais de 8,8%, en se fondant sur les chiffres que l’Insee a justement décidé de ne pas communiquer pour le moment.

Le moral des ménages illustre cette incertitude: il est en hausse en mars pour le troisième mois consécutif mais l’une de ses composantes, qui évalue les perspectives d’évolution du chômage, s’est fortement dégradée.

 30/03/2007 11:48:02 – © 2007 AFP