Energie : la bataille pour le contrôle d’Endesa s’emballe, EON marque des points

 
 
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Logo d’Endesa (Photo : Jose Luis Roca)

[26/03/2007 20:52:16] BERLIN (AFP) La lutte pour le contrôle d’Endesa s’est emballée lundi: l’allemand EON a fait grimper son offre d’achat à 42,3 milliards d’euros, puis a décroché le soutien de la direction d’Endesa, et du troisième actionnaire du groupe espagnol, la caisse d’épargne Caja Madrid.

Mais le groupe allemand reste sous la menace d’une surenchère des deux premiers actionnaires d’Endesa, Acciona et Enel, qui ont promis de lancer une OPA à un prix supérieur.

Le numéro un allemand de l’énergie, qui bataille depuis plus d’un an pour racheter Endesa, a relevé pour la troisième fois son offre qui passe de 38,75 à 40 euros par titre Endesa, valorisant la société espagnole à quelque 42,3 milliards d’euros.

La proposition d’EON “reflète de manière adéquate la valeur de la compagnie”, a réagi Endesa qui conseille pour la première fois aux actionnaires d’adhérer à l’offre, dans un communiqué transmis à l’autorité des marchés financiers espagnols (CNMV).

Cet avis favorable intervient alors que les groupes italien Enel et espagnol Acciona (BTP), déjà en mesure de contrôler 46% du capital, ont précisé plus tôt leur projet de gestion commune d’Endesa et se disent prêts à mettre sur la table au moins 41 euros par action, soit une valorisation totale de 43,4 milliards.

Lundi soir, le troisième actionnaire d’Endesa, la caisse d’épargne Caja Madrid, a décidé de soutenir EON, en acceptant de céder ses droits économiques pendant une période de deux ans -mais pas ses droits politiques-, si EON va au terme de son OPA.

Ce soutien permet à EON de maintenir son opération. Caja Madrid va de son côté conserver ses droits politiques dans Endesa et défendre dans les instances les positions d’EON, et laisse à l’allemand l’espoir de rallier à son offre une majorité de petits actionnaires.

La valorisation d’Endesa atteindrait un montant jamais vu dans le secteur de l’énergie européen, une escalade révélatrice de la course éperdue à la taille qui y prévaut actuellement.

L’alliance Enel-Acciona n’a pas le droit de lancer son OPA avant début octobre. Mais ses promesses pourraient suffire à faire capoter celle d’EON, qui court jusqu’au 3 avril.

EON a accusé Acciona et Enel de manipuler le cours de l’action en annonçant aussi deux recours en Espagne et aux Etats-Unis.

Il demande à la CNMV, qui doit annoncer mardi matin sa décision sur le projet d’Enel et Acciona, de les obliger à revendre les actions Endesa déjà en leur possession et d’interdire définitivement leur OPA. EON essaye aussi de faire bloquer par un tribunal new-yorkais l’achat de nouveaux titres d’Endesa par Enel et Acciona.

Acciona était entré fin septembre au capital d’Endesa et n’a jamais caché son hostilité aux plans d’EON. Le poids lourd italien de l’énergie Enel a lui joué les invités surprise il y a un mois.

Les deux sociétés ont initialement assuré ne pas agir de concert mais cela n’a pas empêché des soupçons d’une initiative commune soutenue par les gouvernements italien et espagnol. Ceux-ci ont protesté de leur neutralité, même si Madrid a mis depuis le départ des bâtons dans les roues d’EON et que l’irruption d’Enel est intervenue quelques jours après un sommet gouvernemental italo-espagnol.

EON, qui au départ voulait intégrer totalement Endesa, a déjà été contraint à des concessions.

Le groupe allemand n’a d’autre choix que de s’entêter, faute de scénario alternatif. En Allemagne, les autorités de la concurrence l’empêchent désormais d’acheter quoi que ce soit. Les privatisations en Europe de l’Est traînent en longueur. Et les marchés voisins français et italien semblent verrouillés.

 26/03/2007 20:52:16 – © 2007 AFP