Allemagne : la métallurgie entame des négociations salariales serrées

 
 
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Jürgen Peters, président du syndicat allemand IG Metall, le 6 février 2007 à Francfort (Photo : Thomas Lohne)

[12/03/2007 07:41:05] FRANCFORT (AFP) Syndicat et patronat de la métallurgie allemande vont entamer lundi des négociations salariales toujours suivies de près dans le pays et qui s’annoncent très serrées, les salariés exigeant de fortes hausses de salaires pour profiter de la santé économique de la branche.

La première prise de contact permettra, comme le veut l’usage, au syndicat de branche IG Metall, qui exige une augmentation des salaires de 6,5% sur douze mois, et à la fédération patronale Gesamtmetall, qui juge cette revendication irresponsable, d’exposer leurs arguments.

Un accord n’est donc pas pour lundi. Les partenaires sociaux se retrouvent dans chaque grande région, l’Etat de Rhénanie-du-Nord-Westphalie donnant cette année le coup d’envoi. Au fil des semaines, une région “pilote” se dégage du lot et le compromis trouvé est ensuite adopté par les autres.

Et il servira aussi de référence pour d’autres secteurs du pays, notamment pour celui des services. Leur syndicat Ver.di doit aussi négocier de nouvelles conditions salariales pour quelque 3 millions de personnes cette année.

Les négociations ne seront pas étroitement surveillées seulement en Allemagne. La Banque centrale européenne (BCE) n’a pas caché son inquiétude face aux exigences syndicales en Allemagne, et les dangers inflationnistes qui découleraient de hausses de rémunérations très élevées.

“Il est crucial que les partenaires sociaux continuent de prendre leurs responsabilités”, a martelé jeudi son président Jean-Claude Trichet.

IG Metall est arrivé à deux reprises à la table des négociations avec une revendication de cette ampleur, en 1999 et 2002, pour obtenir au bout du compte plus de 4% de hausse salariale. L’an passé, il avait avancé 5% et empoché 3%, le patronat ayant cédé sous la menace de grèves dures.

Les discussions devraient s’étirer sur plusieurs semaines, la période de trêve -au cours de laquelle IG Metall s’engage à ne pas user de l’arme de la grève- prendra fin le 28 avril.

Contrairement à la chimie, qui a réussi sans bruit ni fracas à conclure un accord jeudi, “le risque d’une grève majeure dans la métallurgie en avril ou mai semble grand”, estime Holger Schmieding, chef économiste pour l’Europe de la Bank of America, tant IG Metall paraît déterminé à remplir sa promesse de donner aux salariés une plus grande part du gâteau.

Martin Kannegiesser, président de la fédération patronale, ne leur renie pas ce droit, mais tempère les attentes: “Les augmentations salariales peuvent également être considérables cette année”, déclare-t-il dans un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung de vendredi.

Mais il a de nouveau laissé entendre que le patronat ne voulait pas aller au delà de l’accord de l’an passé. “Nos entreprises ne vont pas aussi bien en moyenne” que celles de la chimie, qui a obtenu une hausse de 3,6% sur quatorze mois, a-t-il également affirmé.

Pour la banque Natixis, la revendication d’IG Metall “ne présente pas de risque inflationniste”, et reflète “les fondamentaux du secteur”. La BCE ferait mieux de s’inquiéter des négociations qui vont suivre dans les services, juge-t-elle dans une étude.

Les marges de manoeuvre sont plus étroites dans ce secteur, selon elle, et un accord aligné sur celui d’IG Metall serait alors beaucoup plus dangereux pour la stabilité des prix défendue par la BCE.

 12/03/2007 07:41:05 – © 2007 AFP