L’Allemagne renforce ses positions chez EADS en s’invitant au capital

 
 
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Des salariés d’Airbus manifestent lors d’un débrayage, le 6 février 2007 à Colomiers (Photo : Pascal Pavani)

[09/02/2007 19:17:03] FRANCFORT (AFP) Un consortium public et privé va entrer au capital d’EADS pour préserver l’influence allemande dans le capital du groupe aéronautique européen, à l’heure où un plan de restructuration sévère se profile chez la filiale Airbus.

DaimlerChrysler a annoncé vendredi avoir signé dans la matinée un accord pour vendre 7,5% d’EADS à un groupe d’investisseurs. Le constructeur automobile germano-américain, premier actionnaire d’EADS avec une part de 22,5%, va descendre à 15% du capital. Il gardera les droits de vote sur les titres vendus.

Cette annonce était largement attendue, DaimlerChrysler souhaitant de longue date réduire sa participation. Mais les discussions côté allemand sur la composition du consortium et les détails du montage financier ont traîné en longueur.

Grande nouveauté, Berlin et les Etats régionaux allemands vont entrer pour la première fois au capital d’EADS, avec 40% du consortium.

L’Etat fédéral va s’engager à hauteur de 13% via son bras financier, la banque KfW. Les Länder de Hambourg (nord), Basse-Saxe (centre), Bavière (sud), Bade-Wurtemberg (sud-ouest) et de Brême (nord-ouest), où sont installés les plus gros sites d’EADS, prendront une part plus symbolique.

La part restante ira au privé. A côté des poids lourds du secteur financier allemand, Deutsche Bank, Allianz et Commerzbank, on retrouve deux banques américaines, Goldman Sachs et Morgan Stanley.

En s’engageant dans EADS, Berlin maintient le fragile équilibre franco-allemand au capital du groupe aéronautique, seul véritable exemple de coopération entre les deux pays dans le secteur industriel.

Mais avant tout le gouvernement renforce ses positions, sur fond d’inquiétudes sur le plan d’économies “Power 8” qui se profile chez la principale filiale d’EADS, Airbus.

“Avec un actionnariat stable, nous sommes mieux placés pour les négociations difficiles qui sont devant nous”, a reconnu vendredi le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Ulrich Wilhelm.

Le Premier ministre français Dominique de Villepin a quant à lui souhaité vendredi “un partage équitable des efforts” de restructuration entre la France et l’Allemagne, après un entretien avec Mme Merkel.

Pour redresser ses comptes, plombés par les déboires du gros porteur A380, Airbus pourrait supprimer jusqu’à 10.000 emplois. Le patron de l’avionneur, Louis Gallois, doit présenter les détails du plan le 20 février prochain. L’Allemagne craint d’être la principale victime de la cure d’austérité, les syndicats évoquant entre 5.000 et 8.000 suppressions d’emplois sur un total de 23.000 dans le pays.

Jusqu’à présent, la direction d’Airbus a promis qu’elle ne fermerait pas de sites, mais les salariés craignent des délocalisations ou des cessions de sites, et le gouvernement allemand est déjà monté au créneau. Le ministre de l’Economie, Michael Glos, a menacé notamment le week-end dernier de “revoir ses contrats de défense” avec le groupe d’aéronautique en cas de coupes massives.

Selon le quotidien économique allemand Handelsblatt, il doit rencontrer M. Gallois mardi prochain, vraisemblablement pour le mettre en garde.

En vendant ses 7,5%, DaimlerChrysler est quant à lui le grand gagnant dans cette opération.

Le constructeur poursuit d’une part son recentrage sur son coeur de métier, l’automobile. Il va par ailleurs toucher 1,5 milliard d’euros, une manne bienvenue pour le groupe, qui doit batailler avec les problèmes récurrents de la filiale de petites voitures Smart et surtout de sa filiale américaine Chrysler.

A la Bourse de Francfort, Daimlerchrysler a grimpé de 3,23% vendredi à 49,55 euros, EADS a cédé quant à lui 1,82% à 24,83 euros.

 09/02/2007 19:17:03 – © 2007 AFP