Par vocation ou nécessité, la création d’entreprise en France a le vent en poupe

 
 
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Créations d’entreprises et évolution par secteur

[26/01/2007 17:45:53] PARIS (AFP) Le nombre de créations d’entreprises a atteint un nouveau record en 2006, alors que de plus en plus de Français se lancent dans l’aventure, par vocation ou pour sortir du chômage.

“Le grand décollage a eu lieu entre 2002 et 2003”, souligne Mathieu Plane, économiste de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Jusqu’à cette date, le nombre de nouvelles entreprises tournait autour de 170.000 par an. Il est soudainement monté à près de 200.000, pour atteindre en 2006 le niveau “record” de 233.045 jeunes pousses.

Au total, conformément à une promesse du président Chirac faite en mai 2002, plus d’un million de nouvelles entreprises ont vu le jour en cinq ans, sans compter les reprises ou réactivations d’entreprises existantes.

De quoi réjouir le ministre des PME Renaud Dutreil, qui s’est félicité vendredi que cet objectif “symbolique et ambitieux” soit atteint.

Pour s’y tenir, le gouvernement a multiplié les mesures d’accompagnement, telles que l’abolition du capital nécessaire à la création d’une SARL, l’enregistrement en ligne des sociétés, la création de l’aide aux chômeurs créateurs et repreneurs d’entreprises (ACCRE) ou l’augmentation des prêts à la création d’entreprise (PCE).

Mais d’autres facteurs ont également joué. Le boom de l’immobilier a dopé les créations d’entreprises dans ce secteur, en hausse de 50% depuis 2002.

Et puis les mentalités ont changé, estime Xavier Kergall, directeur général du Salon des entrepreneurs, qui s’ouvre mercredi à Paris.

Face à “la précarisation du statut de salarié, le statut d’entrepreneur n’apparaît plus si précaire”, relève-t-il, avant de souligner que “jamais les médias n’ont autant parlé de l’entreprise” et de la création.

Cela a “démystifié” l’entreprenariat, considère-t-il.

L’engouement semble particulièrement notable chez les jeunes de 18 à 24 ans, qui sont 47% à se dire tentés par la création d’entreprise, contre 41% en décembre 2005, dans un récent sondage Ifop pour le Salon des entrepreneurs.

Mais pour Mathieu Plane, l’envolée des vocations s’explique surtout par la faible croissance de ces dernières années et le taux de chômage élevé.

“Entre 1997 et 2002, le taux de croissance moyen de l’économie était de 2,6% et le nombre de créations d’entreprises est resté relativement stable. Entre 2003 et 2006, le taux de croissance moyen a été d’environ 1,6%, et les créations ont explosé”, note-t-il.

Conclusion de cet économiste: “Quand la conjoncture est déprimée et qu’on a de plus en plus de chômage, on a de plus en plus de création d’entreprises par des chômeurs”.

Selon l’Insee, le nombre de chômeurs créateurs bénéficiaire de l’aide aux chômeurs créateurs et repreneurs d’entreprises (ACCRE) a été multiplié par 2,5 depuis 2002. Pendant les onze premiers mois de l’année 2006, 74.144 nouveaux entrepreneurs en ont bénéficié.

Plus largement, la longévité de ces jeunes pousses et leur impact sur l’emploi reste difficile à évaluer.

Une nouvelle entreprise sur deux met la clé sous la porte dans les cinq ans, pour des raisons économiques ou autres (départ à la retraite, problèmes de santé), selon Xavier Kergall.

Si 86,5% des entreprises se créent sans salarié, trois ans plus tard, les entreprises qui perdurent emploient en moyenne 2,5 personnes, selon l’Insee.

 26/01/2007 17:45:53 – © 2007 AFP