La Russie s’allège du fardeau de la dette héritée de l’URSS

 
 
SGE.GFG25.210806143515.photo00.quicklook.default-245x158.jpg
Le ministre russe du Développement économique Guerman Gref lors d’une conférence de presse à Tomsk, le 27 avril 2006 (Photo : Alexander Nemenov)

[21/08/2006 14:38:35] MOSCOU (AFP) Aidée par une conjoncture très favorable du prix des hydrocarbures, la Russie s’est débarrassée plus tôt que prévu de l’essentiel de sa dette héritée de l’URSS, laissant derrière elle le mauvais souvenir des crises économiques des années 1980 et 1990.

Le ministère des Finances a annoncé lundi solennellement avoir remboursé par anticipation l’intégralité de sa dette envers le Club de Paris après le versement d’une dernière tranche de 23,7 milliards de dollars.

“La Russie n’est plus un pays débiteur du Club de Paris”, groupe de 17 pays créanciers auprès de qui Moscou s’était endetté lors des difficultés économiques avant la chute de l’URSS en 1991, selon un communiqué du ministère.

Ce remboursement anticipé par la Russie, dont les finances bénéficient à plein des cours mondiaux élevés des hydrocarbures, est le plus important jamais enregistré par le Club de Paris et un sujet de fierté pour Moscou.

“Nous avons vécu de nombreuses années en tendant la main (…) mais maintenant la Russie peut non seulement payer ses dettes mais les rembourser par anticipation”, avait relevé en juillet le président Vladimir Poutine.

“Ce remboursement va permettre le renforcement de l’autorité de la Russie”, relève le ministère des Finances.

“L’opération permet d’améliorer les fondamentaux de l’économie russe mais aussi de renforcer l’image de la Russie comme pays développé”, au lendemain du sommet du G8, observe Iaroslav Lissovolik, analyste pour la société d’investissement Deutsche Bank UFG.

La Russie avait signé le 16 juin un accord avec le Club de Paris pour ce remboursement anticipé, après avoir réalisé une opération similaire sur une tranche de 15 milliards de dollars en 2005.

“Ce sont des remboursements anticipés sans précédent par leur montant”, relève M. Lissovolik, soulignant que la Russie avait réussi à ramener l’ensemble de sa dette publique à un niveau très favorable.

SGE.GFG25.210806143515.photo01.quicklook.default-245x176.jpg
Des Moscovites font la queue devant un distributeur de billets, effrayés par un possible gel des comptes bancaires lors de la crise de 1998 (Photo : Youri Kadobnov)

La dette publique de la Russie qui représentait 96% de son produit intérieur brut en 1999 (PIB) devrait être ramenée à 9% à la fin 2006, selon l’objectif annoncé du ministère des Finances.

Le ministère souligne que la Russie a réussi à solder sa dette envers le Club de Paris “huit ans tout juste après la crise financière” d’août 1998.

A la chute de l’URSS, qui avait accumulé quelque 70 milliards de dollars de dette extérieure, contractée surtout pendant les temps difficiles de la Perestroïka (1985-1991), la Russie a été reconnue comme l’héritière unique de cette dette.

“Pour les créanciers, cette solution avait l’avantage de concentrer la dette sur le pays le plus solvable”, disposant de réserves de matières premières, écrit François Benaroya dans son ouvrage L’économie de la Russie.

“Quant à la Russie, elle se démarquait ainsi de la répudiation en 1918 de la dette tsariste et entendait conserver le statut de grande puissance de l’URSS, en héritant aussi bien de ses dettes que de ses actifs à l’étranger”, observe-t-il.

Cette dette a été restructurée à plusieurs reprises, notamment après la crise financière d’août 1998, quand Moscou avait fait défaut sur sa dette interne.

Au total, Moscou a économisé 12 milliards de dollars sur le service de sa dette envers le Club de Paris grâce à ses remboursements anticipés, même si elle a dû accepter de verser à ses principaux créanciers (Allemagne, Grande-Bretagne, France, Pays-Bas) une prime d’un milliard de dollars pour qu’ils renoncent à leurs intérêts à venir.

La Russie solde ainsi l’essentiel de sa dette héritée de l’URSS. Elle doit encore régler le reste de sa dette commerciale (1,1 milliard de dollars) issue de cette période, ainsi que quelque 3,5 milliards de dollars dus à des pays créanciers qui ne sont pas membres du Club de Paris.

 21/08/2006 14:38:35 – © 2006 AFP