Les créations d’emploi s’accélèrent, les salaires restent en berne

 
 
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L’évolution de l’emploi salarié en France

[18/08/2006 11:02:08] PARIS (AFP) Les créations d’emploi se sont accélérées au deuxième trimestre, laissant entrevoir une embellie durable sur le front du chômage grâce à la croissance, mais aussi une relance du débat sur l’évolution du pouvoir d’achat, alors que les salaires restent en berne.

L’emploi salarié dans le secteur privé a augmenté de 0,3% au deuxième trimestre, soit 51.900 créations de postes, selon les chiffres publiés vendredi par le ministère de l’Emploi et l’Insee. En un an, la hausse atteint 0,7%.

Ces chiffres, encore provisoires, traduisent une nette accélération de la reprise entamée timidement il y a deux ans.

Le secteur privé, qui totalise désormais 15.563.600 salariés, avait enregistré 12.400 créations d’emplois au premier trimestre, après 64.200 au cours de l’ensemble de l’année 2005.

Avec la baisse du chômage et l’accélération de la croissance, “tous les indicateurs” sont donc “au vert” assure le gouvernement, qui a fait de l’emploi sa priorité et compte ramener le taux de chômage à 8% d’ici l’été 2007.

Le ministre de l’Economie, Thierry Breton, a estimé lundi que “plus de 200.000 emplois” seraient créés en France en 2006, dont 80% dans le secteur privé, des chiffres supérieurs aux dernières prévisions de l’Insee.

Dans sa note de conjoncture publiée en juin, l’Institut national de la statistique et des études économiques tablait sur la création de 196.000 emplois (y compris contrats aidés) en 2006, dont 75.000 dans le secteur privé.

Mais “la croissance permet à l’emploi de repartir, ce qui soutient la consommation, les exportations atteignent des records et les entreprises peuvent encore augmenter leur activité”, a argumenté le ministre.

Le pic inattendu de la croissance au deuxième trimestre (de 1,1% à 1,2% après seulement 0,5% au premier trimestre) devrait en effet continuer de doper le secteur privé au cours des prochains mois.

Or, les économistes estiment qu’il faut en moyenne six mois pour qu’une hausse du produit intérieur brut (PIB) se répercute sur les créations d’emploi.

Dans ce contexte d’embellie sur le front de l’emploi, la question des salaires et du pouvoir d’achat — qui avait ralenti en 2005 (+1,1% contre +2,2% en 2004) — devrait peu à peu revenir au premier plan.

Les statistiques sur les salaires, également publiées vendredi, dépeignent une situation morose.

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Des jeunes consultent les annonces de l’ANPE à l’occasion d’un salon sur l’apprentissage le 17 mai 2006, au Zénith de Caen (Photo : Mychele Daniau)

Le salaire mensuel de base a progressé de 0,5% au deuxième trimestre et de 2,9% en un an. Compte tenu de l’évolution de l’inflation le pouvoir d’achat des salaires a ainsi baissé de 0,4 point par rapport au trimestre précédent et augmenté de 0,9% par rapport au deuxième trimestre de 2005.

Alors que Thierry Breton affirme que le pouvoir d’achat des ménages est “au plus haut depuis six ans”, les syndicats assurent, eux, que la situation des Français s’est nettement détériorée, entre flambée des prix des carburants, hausse des loyers et augmentation des tarifs de l’électricité et du gaz.

Toutes les centrales comptent faire du partage des fruits de la croissance une des revendications clefs de la rentrée sociale dans les entreprises et auprès du gouvernement.

A quelques mois des élections présidentielle et législative, le Parti socialiste s’est déjà joint à eux.

Déplorant “la détérioration du pouvoir d’achat”, son premier secrétaire, François Hollande a réclamé dimanche la tenue “d’une conférence sur le pouvoir d’achat avec l’ensemble des partenaires sociaux”.

 18/08/2006 11:02:08 – © 2006 AFP